Ombres d'une peinture
Les murs des habitations et des jardins chinois sont simples d'apparence. Dans la ville impériale de Pékin, ils sont peints en gris, tandis que dans les villes et villages au sud du fleuve Yangtze, ils sont blancs.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, ces surfaces lisses et discrètes sont loin d'être inertes. Tout d'abord, les lettrés chinois avaient le goût du « graffiti » : lorsqu'ils étaient inspirés, ils inscrivaient des poèmes improvisés sur les murs de tel monastère ou de tel autre temple. Certains murs sont ainsi devenus de véritables lieux de pèlerinage du fait des traces de grands poètes.
Plus souvent encore, le mur reste immaculé pour mieux recevoir les ombres d'un arbre planté à côté de là, dont le feuillage vibre dans le vent, sous le soleil ou au clair de lune. Contemplées à travers une fenêtre devant le mur, ces ombres mouvantes dessinent une « peinture de l'instant poétique ».
C'est ainsi qu'une peinture éphémère des ombres du VIIIe siècle est devenue immortelle, grâce à l'art du poète YUAN Zhen 元稹 de la dynastie des Tang. Dans son histoire merveilleuse « La vie de Yingying » 鶯鶯傳 (devenue une pièce de théâtre intitulée « Histoire du pavillon de l'Ouest » 西廂記 au XIIIe siècle), la belle Yingying 崔鶯鶯 a composé un poème à l'adresse du héros ZHANG Sheng 張生:
待月西廂下,
迎風戶半開。
拂牆花影動,
疑是玉人來。
Dans le pavillon de l'Ouest, le lever de la lune se fait attendre,
Les volets de la porte entr'ouverts, laissant entrer la brise.
Effleurant le mur, l'ombre de fleurs s'agite,
Comme mon cœur s'agite au soupçon de la venue de mon bien-aimé !
(tr. Chun-Liang YEH)
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