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22/08/2011

Carnet de voyage en quelques images

Chers visiteurs du Blog des éditions HongFei Cultures,

carnet de voyage,taiwanaprès un mois pendant lequel nous vous avons laissés à vos rêveries (cf. le post précédent), nous préparons notre rentrée.

Pour ce premier moment de la reprise, nous vous proposons de ne pas encore quitter le temps des vacances. Revenant tout juste d’un voyage à Taiwan qui nous a également emportés quelques jours au Japon, nous vous invitons à suivre le déroulement de notre séjour en quelques photos commentées.

Pour ce faire, CLIQUEZ sur l'album « Hello Taipei ! », en haut de la colonne de droite du blog (ou directement ici sur les mots en orange).

Nous vous souhaitons une agréable promenade.

ps. une partie de ces photos a été publiée en temps réel sur facebook (ici).

15/03/2011

Un ami à Tokyo

japon,enfance,séisme,ami,don,solidarité,sophie roze,taïwanOn l’appelait le « Japonais », mais il n’en est pas un.

 

J’avais treize ans lorsqu’il arriva dans ma classe. Tous mes camarades l’appelaient le « Japonais » car il venait de rentrer vivre à Taïwan avec son père diplomate. Il parlait le mandarin, avec un petit accent japonais. Timide au début, il joua bientôt avec nous.

 

A l’époque, je savais déjà que je voyagerais, sinon vivrais, dans un pays étranger. Un nouveau camarade qui venait d’un tel pays ne pouvait que susciter ma plus grande curiosité. Nous ne jouions pas souvent ensemble, mais un lien assez mystérieux se nouait entre nous. Avec lui, je sais qu’il n’est pas besoin d’expliquer pourquoi je vis ici et pourquoi je fais ce que je fais.

 

Sans nous être donné de nouvelles pendant vingt ans, nous avons repris contact via internet en janvier dernier. Je comptais - et compte toujours - lui rendre visite cet été à Tokyo où il vit actuellement avec sa famille. J’y retrouverai alors un peu de mon enfance innocente, loin des bruits de polémique en France.

 

Des initiatives populaires de don et de solidarité ont commencé à Taïwan, historiquement lié au Japon. Dans un monde flottant, cet abandon d’égoïsme (même provisoire) nous permet de rester dignes parmi les humains.

  

 

Lire l'article Ces Japonais à l'héroïsme poignant de François Lachaud, directeur d'études à l'Ecole française d'Extrême-Orient, spécialiste d'études japonaises, publié dans Le Monde du 17.03.2011 

Image extraite de l’album L’Autre Bout du monde, illustré par Sophie Roze.

26/08/2010

La Drôme provençale

P8190018.JPGCe soir-là, nous sommes confortablement installés sur une terrasse dans un charmant village de la Drôme provençale. Près d'un petit pont pittoresque, baigné dans la lumière rasante du couchant, le platane centenaire à notre gauche nous est d'une compagnie bienveillante, comme d'ailleurs la fontaine rustique à notre droite, composée d'une simple roche couverte de mousses.

Nous sommes trois hommes et une dame à table ; la patronne est venue prendre notre commande. La dame a commandé après les autres convives car elle a eu une petite hésitation sur son choix. Trois secondes après sa commande, elle demande à la patronne si elle peut changer d'avis. A notre grand étonnement, la réponse est un non catégorique. Elle nous montre un appareil électronique dans sa main :

"Désolée Madame, la commande est partie en cuisine. Je ne peux pas l'annuler. Vous ne puovez pas refaire votre choix. Vous mangerez ce que vous avez commandé. Eh oui, c'est la technologie." Incrédules, nous avons exprimé notre étonnement. Elle a répété sa réponse négative avec une fermeté intransigeante.

Les convives de la tablée sombrent dans un désarroi violent. J'étais prêt à renoncer à mon choix et à manger ce que notre amie avait commandé, pour qu'elle puisse choisir de nouveau ce qui lui plairait. Vaine idée, puisque ma commande est passée avant l'incident. Nous sommes faces à un dilemme : soit notre amie mange ce qu'elle a commandé, soit nous commandons cinq plats pour quatre personnes, ce qui serait moralement contestable.

Je regarde autour de moi : le pont pittoresque, le platane centenaire, la fontaine, la lumière du couchant : quelle valeur accorder à ce décor, si la maîtresse du lieu se montre si insensible au sens de l'hospitalité et au plaisir de recevoir ?

Tout un coup, il me manque de dîner dans un pays où le paysage serait moins beau, le menu plus modeste mais la qualité des relations humaines assurément plus grande.

Trois minutes plus tard et contre toute attente, la patronne est revenue à notre table pour reprendre la commande de notre amie, après avoir annulé la première commande malencontreuse auprès du cuisinier.

A cet instant, la Drôme provençale a retrouvé son charme (non sans rudesse).

 

07/08/2010

Libération vs. liberté

 

2009012015454249.jpgAyant reçu une invitation pour un spectacle intitulé Kungfu Revelations (Versets des arts martiaux) à Taipei, je m’y rend sans aucune d'idée de ce que j'y trouverais.

Il s'agit d'une chorégraphie inspirée des mouvements du corps dans les arts martiaux, exécutée par une troupe de jeunes danseurs, sur une musique évocatrice de la sérénité bouddhiste et composée de neuf versets à thème. Dans la deuxième scène "Sutra", un petit moine se désespère de ne pas bien apprendre le Texte. Dans un excès de colère il rejette son instrument de prière. Un autre moine plus mûr l'aide à revenir à sa douceur et à reprendre confiance. Plus tard, dans un autre lieu, le petit moine fait ses prières au son de celles de ses frères.

Ce passage m'a d'emblée convaincu de la cohérence et de l'originalité de cette création. C'est probablement lié au fait que je vis parmi les Français depuis longtemps et suis maintenant sensible à tout ce qui dévoile un peu plus cet impensé culturel, aux Français mais également aux Chinois.

Je suis touché par la scène de "Sutra" car elle dit en toute simplicité comment les Chinois voient le sens de notre existence : l'affranchissement. La notion chère aux Occidentaux de la liberté individuelle comme un droit, avec l'apprentissage des lois comme sa garantie, n'est pas étrangère à la Chine contemporaine. Mais elle ne se substitue pas à une autre vision de l'homme, celle selon laquelle le propre de l'homme est de s'élever spirituellement. L'apprentissage des règles se conçoit au service, non d'une liberté individuelle absolue et abstraite, mais de cette libération de l'esprit tout au long d'une vie.

Les propos de Zhuangzi et Confucius, penseurs de l'Antiquité, en témoignent...

 

nota : en écrivant ce post, je me rappelle l'épisode récent d'un chorégraphe français en visite en Chine pour monter un spectacle avec de jeunes membres d'une troupe de l'opéra de Pékin. Il leur demande d'"exprimer leur personnalité". Ca a probablement paru très étrange et incompréhensible pour les Chinois qui pensent en terme d'affranchissement (processus long qui ne se commande pas de l'extérieur) plutôt que de liberté immédiatement disponible.

 

crédit photo : www.junzimen.com/Article/2009/30159.html

01/05/2009

Partir

 

Proust 001.jpg

… En «  lisant » Du côté de chez Swann et A l’ombre des jeunes filles en fleurs (version BD dessinée par Stéphane Heuet, par la force des circonstances), je sais que je le comprends, Proust. Symétriquement, je me sais compris. Ces dernières années la vie m’a amené à apprécier certaines choses qui, pour l'être, doivent être « vécues », peu importe l’intelligence d’un individu.

 

Mais, qui a vécu, qui n’a pas vécu ? Qui est au-dessus de tous pour estimer si un autre a, ou n’a pas, vécu ? Ainsi, je ne peux que parler pour moi-même et toute tentative de transformer ces propos en un précepte pour une vie heureuse serait illusoire. A Taipei, le dernier bestseller est le récit d’un jeune homme qui s’est aventuré dans les contrées reculées du Tibet. Le préfacier, un homme de lettre pourtant intelligent, est si emporté par son enthousiasme de l’aventure « extraordinaire » de l’auteur, qu’il enjoint tous les lecteurs à « partir ». Peu importe où, mais il faut partir... Comme si partir suffisait à transformer un homme médiocre en un homme de qualité. Comme si hors de ces aventures extraordinaires, la vie ne serait pas vécue.

 

Ce « partir » banalisé traduit plutôt une révolte contre le poids de la vie quotidienne. Ce qui importe selon moi, ce n’est pas « partir » mais de trouver la force de tenir tête au poids de la vie quotidienne. Un homme qui part en aventurier dans la jungle n’est pas forcément plus courageux que celui qui ne part pas, mais qui sait, lui, transformer ce qui lui est donné à vivre comme un cheminement – vers la beauté et la liberté.

 

Chun

Lettre à un ami

 

image : couverture de la version chinoise de « A la recherche du temps perdu : Combray »

auteur : Marcel Proust

illustrateur : Stéphane Heuet

traducteur : LIN Weijun

éditeur : Dala (Taipei 2003)

 

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Lilies-of-the-valley (muguets), photo prise ce jour dans le jardin d'une amie à Oxford.

 

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06/11/2008

Réflexions d’un voyageur en Angleterre

poundbury3.jpeg

Récemment, la lecture d’un article de journal m’a donné envie de partager certaines réflexions, qui peuvent intéresser tout lecteur attentif et pas uniquement les spécialistes de l’urbanisme.

 

Il s’agit de l’article intitulé « Le prince Charles veut exporter son modèle d'urbanisme "à l'ancienne" » paru dans Le Monde du 26 octobre 2008. Un séjour de deux ans à Oxford m’a rendu sensible aux reportages sur l’Angleterre, d’autant plus qu’en France où je vis, les gens n’affichent pas l’amour qu’ils portent pour leurs voisins d’Outre-Manche.

 

Ce qui arrive souvent à une chose mal connue, c’est qu’elle soit adorée ou détestée pour de mauvaises raisons. C’est visiblement le cas du mouvement de renaissance urbaine animé par le Prince Charles, incarné dans la réalisation de Poundbury dans un coin paisible au sud-ouest du pays. En terme de morphologie urbaine, Poundbury n’est pas une ville proprement dite mais ressemble plutôt à un nouveau quartier d’une ville existante (Dorchester).

 

D’aucuns critiquent cet urbanisme de façade et dénoncent la « nostalgie » déconnectée de notre époque. D’autres admirent l’ambiance du « village urbain » presque magique de ce lieu : oui, c’est du faux-semblant mais c’est tellement bien fait ! Et pour un esprit pragmatique qui prévaut en Angleterre, l’effet supposé bénéfique du projet sur les relations sociales peut tout justifier. 

 

J’ai eu l’occasion de passer quelques moments à Poundbury en 2004, un carnet de croquis à la main. A tant me voir dessiner, une habitante s’est mise à bavarder avec moi, s’excusant de ne pas avoir le temps de m'offrir un afternoon tea. Un endroit charmant qui inspire l’hospitalité, non ?

 

Quatre ans après, je vous livre le souvenir que cette visite m’a laissé : là-bas, tout est impeccablement dessiné, mais rien n’est « mesuré ». Je le dis avec un peu de regret.

 

Je me perds à Poundbury qui n’est pourtant pas très étendu. Des bâtiments plus ou moins grands, installés à différents endroits de la « ville », sont censés jouer le rôle de repères, et aider les gens à s’y orienter, se l’approprier. Toutefois, quand ces grands bâtiments sortent de son champ de vision, un flâneur ne sait plus s’il est proche ou loin du centre.

 

A l’opposé, dans une ville anglaise moins « artificiellement constituée », le flâneur le sait d’instinct : quand on est loin d’une high street (grande rue), les maisons sont plus espacées. Quand les maisons se resserrent, c’est qu’on se rapproche d’un centre. Voilà la « mesure » vivante résultant d’un jeu collectif de l’économie urbaine, une mesure non dessinée qui faisait défaut à Poundbury.

 

L’urbanisme de Poundbury constitue-t-il un modèle à généraliser et exporter ? Toujours est-il que le cadre très agréable de Poundbury a créé un effet non voulu : parmi ses habitants on compte plusieurs personnalités prestigieuses proches de la Cour royale. Le prix d’immobilier y est devenu inabordable pour le commun des mortels.

 

Moralité : derrière un article de journal, il peut y avoir toute une histoire à découvrir et à raconter (comme derrière chaque album de HongFei Cultures).

 

 

Source de l’image : Erling Okkenhaug

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