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29/03/2011

La Bête part en voyage...

La Bête et les petits poissons qui se ressemblent beaucoup, élu meilleure lecture jeunesse de l’année 2007 par l’association de la littérature jeunesse de Taïwan, a désormais sa version française.

geraldine alibeu,pei-chun shih,la bête,question,rencontreRENCONTRE avec l’auteure Pei-Chun SHIH. 

« La France est l’un des pays que j’ai le plus envie de visiter. Je n’ai pas imaginé que la Bête m’y aurait devancée ! »

 

Le texte de La Bête et les petits poissons qui se ressemblent beaucoup a été recommandé l’année dernière par l’éditrice Yu-Jin CHEN à la maison d’édition française HongFei Cultures. Cette dernière a invité l’artiste Géraldine ALIBEU à créer des illustrations originales pour la version française, d’une conception totalement différente de celle de Taïwan. L’ouvrage est disponible en librairie en France depuis le 24 mars 2011. J’ai été très émue à l’idée que mon œuvre puisse être traduite dans une langue étrangère et rencontrer des gens d’un autre pays, et j’attendais avec impatience le moment de découvrir la Bête française. J’étais très curieuse : à quoi ressemblerait-elle, née d’un texte traduit ? 

geraldine alibeu,pei-chun shih,la bête,question,rencontreConcernant la physionomie de la Bête, je n’ai pas tellement d’idée. Si quelqu’un vient me demander : « A quoi ressemble-t-elle ? A-t-elle une queue ? A-t-elle une grande gueule ou une petite bouche ? A quel animal ferait-elle penser ? », c’est certain qu’on me poserait là une colle. J’ai choisi d’écrire une histoire autour de la Bête justement parce que le mot « Bête » [shou en chinois] m’ouvre un espace d’imagination illimité. Elle peut être un quadrupède poilu, tel une fauve, comme elle peut avoir une apparence peu avenante tel un monstre ou un fantôme. Elle peut être mignonne comme elle peut être rustre. Il n’y a pas un visage unique à la Bête comme il n’y a pas de réponse unique aux questions soulevées au fil des épisodes dans ce livre.

Au début de cette année, j'ai reçu la version française de l'ouvrage intitulé La Bête et les petits poissons qui se ressemblent beaucoup et j'ai enfin découvert la Bête française. Dans la version taïwanaise, l'illustratrice Meng-Yun WU a créé une bête toute mignonne, avec la queue d'un renard, le visage d'un ours et les pieds d'un cochon. Son expression est candide, sa robe est précieuse. Sa silhouette me rappelle la Bête du château dans l'histoire de « La Belle et la Bête » qui en réalité est un prince ensorcelé. Quant à la Bête française, il est difficile de dire à quoi elle ressemble. Elle est moitié homme moitié animal. Elle a des sourcils épais et des cheveux. Sur la couverture, elle pose son grand visage sur ses deux bras, les deux yeux sont grands ouverts : elle a l'air de réfléchir à quelque chose. J'ai l'impression d'être une terrienne qui rencontre un extra-terrestre et mon premier sentiment est : « Elle est vraiment curieuse, étrange ! » Or, il n'y a pas qu'elle qui est étrange. Même les petits poissons bleus du premier épisode n'ont pas la forme habituelle des poissons. Dans le troisième épisode, la créature observée par la Bëte est-elle une enfant, un poisson ou une grenouille ? Difficile de répondre si l'on se fie uniquement au dessin sans le texte.

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Les choses étranges et inhabituelles suscitent notre curiosité. C’est la raison pour laquelle je me suis laissé séduire doucement par les illustrations de la version française. Je ne sais pas si l’image de la couverture - la Bête pensant le monde avec sérieux – incitera les lecteurs en France à lire le livre, mais pour moi qui connais bien les épisodes, les illustrations m’ont donné envie d’y revenir plusieurs fois, et mon regard s’est attaché à cette Bête grise-beige et a commencé à courir allégrement dans le livre – même si je ne sais pas lire le français.

Les neuf épisodes de la Bête ont été écrits de 2003 à 2004. Leur inspiration me vient de réflexions sur la vie réelle. Par exemple, lorsque tous les poissons, aussi uniques soient-ils, tentent de prouver leur singularité devant la Bête, sont-ils toujours uniques ? Entre une peur visible et une peur imaginaire, laquelle est la plus effrayante ? Entre un vœu qui a une chance d’être exaucé et un vœu qui n’en a aucune, lequel mérite plus qu’on le poursuive ? Lorsqu’une belle fleur apparaît, que fait-on pour s’en emparer ou l’apprivoiser ? La Bête est une projection de moi-même. Parfois, elle réfléchit avec moi. Parfois elle parle pour moi dans des situations devant lesquelles je me sentirais impuissante. Prenons l’exemple de l’épisode « La Bête veut partir en voyage ». Dans la vie réelle, il m’arrive de changer d’avis à force de répondre aux questions des gens. Saisie d’une envie simple, je commence à faire une chose pour le plaisir. Puis, à mesure qu’un objectif, une direction et un but se mettent en place, cette envie du début s’évanouit. Je serais allée dans le Sud, aurais escaladé la montagne et vu la mer, pour me rendre compte que je n’avais pas ma place dans ce paysage. La Bête, elle, peut trouver pour moi un paradis sur terre – l’arbre y serait assez grand, les herbes assez tendres, la brise assez douce et surtout, plus aucune question.  

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Ceci étant dit, toutes ces réflexions ne concernent que moi. Je ne pense pas qu’il faille lire une histoire selon la pensée de l’auteur. Au lieu de se demander ce à quoi l’auteur pouvait bien penser, il vaut peut-être mieux se demander quelle impression on a pour soi après sa propre lecture. J’aime beaucoup lorsqu’un lecteur décèle dans ce texte des thématiques auxquelles je n’ai pas songé. Comme cela est précisé dans ma préface dans la version taïwanaise de La Bête : « Il est possible qu’un petit escargot se cache dans mon histoire. Ou bien encore, des choses toutes petites et toutes légères dont j’ignore moi-même l’existence. » Cette éventualité m’émeut.  


Ainsi, comme auteur, j’espère que dans le cœur des lecteurs naîtra une Bête personnelle. En apportant notre réponse aux questions rencontrées dans l’histoire, nous pouvons nous affranchir des réponses existantes et en proposer d'autres. Si les réponses sont aussi différentes que sont nombreux les petits poissons qui donnent le tournis à la Bête, ce sera très amusant !

(propos de l’auteure recueillis par Yu-Jin CHEN, éditrice.)

 

Nos meilleurs remerciements à Yu-Jin CHEN qui nous a fait connaître la Bête l’été dernier, et qui a réalisé le présent entretien avec l’auteur, publié le 3 mars 2011 sur son blog dédié à la littérature jeunesse à Taïwan

En photo, Pei-Chun SHIH et Chun-Liang YEH, traducteur et éditeur de la version française du texte.

 

La Bête et les petits poissons qui se ressemblent beaucoup

Auteure : Pei-Chun SHIH

Illustratrice : Géraldine ALIBEU   

  

07/05/2008

Nouvelles amitiés au Pouliguen, salon de la petite édition 2008

Tous nos remerciements à l'association Le sel des mots, présidée par Frédérique MANIN, d'avoir organisé ce salon riche en rencontres professionnelle et conviviale.

 

Et puis, tant qu'il y a des enfants, il y aura des rencontres fortuites avec des garçons et des filles dont les yeux brillent en voyant une de nos couvertures, en lisant un de nos titres.

 

Je me souviendrai de toi rêvant d'un pays lointain. C'est ce même rêve qui m'a fait venir dans ton pays, si loin de chez moi, et t'écouter sans besoin de parole. Pour moi, ton regard a tout dit.

 

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Trois sceaux, de gauche à droite : Chun-Liang YEH, Lola MANIN (allias Cacahouète Girl, ou la super mangeuse de fruits rouges), et Loïc JACOB

13/04/2008

Empathie

EL_CB_logo-prepar2.jpgDès son début, HongFei Cultures est conçue comme une maison d'édition "interculturelle". En effet, ses deux fondateurs sont issus de deux cultures différentes. Ils ont été imprégnés de leur "culture" respectivement française et chinoise, avant de se connaître et se reconnaître dans un projet commun favorisant la rencontre des cultures.

 

Pour que les personnes de deux cultures puissent se rencontrer, parler la même langue facilite peut-être les choses, mais cela ne suffit pas. Le vrai défi, c'est d'accepter l'idée que si l'autre pense et agit différemment - avec la sagesse de sa culture - il n'a pas forcément tort. Que ce qu'on tient pour absolu et immuable depuis son enfance ne l'est peut-être pas autant, sans que cela nuise à sa valeur ou à sa beauté.

 

Au départ étranger se sentant mal compris en France, j'en suis venu à réaliser que pour les Français épris d'universalisme, cette reconnaissance de l'"autre" implique un effort considérable, et une profonde confiance en soi.

 

Les publications de HongFei Cultures sont pour nous un hommage rendu à cet effort et cette confiance.

 

Image : un sceau, cadeau d'une amitié, avec deux caractères signifiant "l'empathie avant tout".