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16/11/2010

Pourquoi publions-nous des textes d’auteur ?

1.jpgVoici une des questions les plus fréquemment posées aux éditeurs de HongFei Cultures sur les salons : « Ce sont des contes traditionnels que vous publiez ? »

 

En effet, l’expression « conte traditionnel » évoque, dans l’esprit de beaucoup de lecteurs, la double idée de l’authenticité et de la permanence. Si un conte est répété de génération en génération, c’est la preuve qu’il correspond à la conscience ou au génie collectif d’un peuple, et qu’il est donc « fiable » lorsqu’on veut acquérir une « connaissance » de la culture ou civilisation de ce peuple.

 

Certaines des histoires que nous avons publiées possèdent effectivement une structure de narration proche de celle des contes très connus et appréciés en Occident (situation initiale – crise – quête – résolution, etc.) Mais, chaque récit que nous publions (qu’il s’apparente ou pas au conte) est présenté d’abord en tant que « texte d’auteur ».

 

Plusieurs raisons sont à l’origine de ce choix d’éditeur. Contentons-nous d’en évoquer une majeure ici :

 

Un conte emporte le lecteur dans un monde autre, par un effet d’extravagance fort d’une grosse sagesse comme le signale Elisabeth LEMIRRE dans son avant-propos des Contes du mandarin (éd. Picquier Poche 2007). Or, ce que nous souhaitons partager avec nos lecteurs ne se définit pas comme intrinsèquement « extravagant » ni n’est destiné à porter une morale. Au contraire, les sujets et personnages des récits beaux et profonds, que nous présentons aux lecteurs en France et qui peuvent parfois les troubler, font généralement partie des choses « ordinaires » de la vie d’un Chinois.

 

C’est le regard et l’art des auteurs, mis en valeur par les éditions HongFei Cultures, qui transforment ces moments de la vie en une œuvre « extraordinaire » à contempler et dont on jouit, les enfants comme les adultes, en France comme en Chine.

 

Cette démarche nous permet de guider le regard du lecteur vers une création incarnée par le texte. Celui-ci porte en témoignage les pensées et les émotions d’un auteur qui, une fois son acte de création achevé, s’en détache. A la différence d’un conte « agissant sur » l’émotion d’un auditeur par l'intrigue et les effets de la narration, le lecteur est ici invité à « faire un pas vers » le texte et à le reconnaître comme le lieu de résonnance d’une émotion vécue. C’est ce qu’on appelle une « empathie » - être capable d’émotion pour l’émotion d’un autre.

 

L’une de nos plus grandes satisfactions, depuis la création des éditions HongFei Cultures, est de constater dans les écoles, les bibliothèques et sur les salons que les enfants ne s’intéressent pas uniquement aux intrigues des contes. Ils sont tout à fait capables et désireux de faire ce pas vers un texte pourvu qu’il propose de partager une expérience sensible.

 

Publier pour les jeunes lecteurs des textes d’auteur est une manière d’accompagner les enfants dans le développement d’une sensibilité aux mots justes. Peut-être que, marchant sur les pas des auteurs, ils parviendront à leur tour à « verbaliser » une expérience avec justesse et élégance, pour eux-mêmes et pour les autres. Dans tous les cas, il nous semble que c’est aller plus loin dans l’exploration de ce monde.

 

Voici pourquoi HongFei Cultures propose une expérience de récits d’auteur chinois, classiques ou contemporains, un peu plus rarement rencontrée en France jusqu’ici que celle des contes dits « populaires » et/ou « traditionnels » très présents dans la production éditoriale de livres pour la jeunesse.

 

 

Image extraite de l’album « Homme-Requin », illustré par Gaëlle Duhazé. Le texte de SHEN Qifeng fut publié en 1792, alors que l’ouvrage « A la recherche des esprits » par Gan Bao au 4e siècle donna déjà un portrait du héros de l’histoire.

27/12/2008

C’est quoi, une « expérience » ?

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Dans deux des dernières notes du blog, nous avons parlé d’une « expérience de lecture ». Mais, qu’entendons-nous par le mot « expérience », précisément ?

 

Comme le sens des mots est parfois mieux défini « en creux », voyons d’abord ce qui n’est pas une expérience. Par exemple, dans la plupart des cas, une évasion n’est pas une expérience. L’évasion, à l’occasion d’une lecture, s’apparente généralement à une parenthèse qui s’ouvre puis se ferme, dans un cours à peine perturbé de la vie. Après la parenthèse, on « reprend une vie normale » et ses habitudes. Quant à l’expérience, au contraire, on n’en sort pas indemne. Après une expérience, nous ne regardons plus le monde de la même manière qu’avant. Nous acquérons une nouvelle façon d’interagir avec le monde – une façon plus riche dans le meilleur des cas.

 

Une autre manière de définir l’expérience consiste à distinguer et contraster les deux sens du mot. Dans la langue anglaise, ce double sens s’exprime avec deux mots distincts : experience et experiment. Tandis que l’experiment renvoie à un protocole d'épreuve préalablement établi, éventuellement répété, par lequel on teste une théorie ou collecte de nouveaux objets d’observation, le mot experience met davantage l’accent sur une connaissance ou une sagesse qui ne s’obtient pas autrement que par un vécu, une pratique. Avec l'expérience, nous créons un sens à notre parcours au lieu de le trouver tout fait.

 

L’expérience se vit ainsi comme un processus ouvert qui stimule nos sens et libère notre esprit. Si, au début d’une expérience, le premier pas vers l’inconnu peut inquiéter, ceux qui suivent finissent par élargir nos horizons et nous permettre d’être mieux en phase avec le monde qui nous entoure. C’est dans cette perspective que nous invitons nos lecteurs à une « expérience de lecture » d’une littérature chinoise accessible aux enfants.

 

image : le mot « expérience » en deux caractères chinois

24/12/2008

Lire et faire lire dans la Meuse

conference-LFL.jpgCaroline Hayot de la librairie Larcelet (Saint-Dizier) nous avait contactés en septembre dernier. Trois mois plus tard, grâce à son entremise, mon associé Loïc JACOB et moi avons eu le privilège de partager une journée riche en échanges avec environ vingt-cinq lecteurs bénévoles de l’association Lire et faire lire – Meuse, à Saint-Mihiel près de Bar-le-Duc.

 

Un grand merci à Elodie AIMOND et Loïc RAFFA qui pilotent les rencontres avec l’association. Entre Elodie, soucieuse de notre bien être et qui a su mobiliser tous ces bénévoles, et Loïc qui, apprenant lors du déjeuner que j’avais traduit en chinois Les paradis artificiels de Charles Baudelaire, me parla de l’auteur anglais Thomas de Quincey dont les écrits sont un élément clef de l’ouvrage, l’accueil fut chaleureux. Et c’est sans oublier l’enthousiasme appuyé du président de l’UDAF (Union départementale des associations familiales de la Meuse), Philippe GEURING présent ce jour-là.

 

Nous avons pu présenter les projets réalisés et à venir de HongFei Cultures à un auditoire très attentif et intéressé. Sans faire ici le résumé de cette journée, je me contenterai de souligner la particularité de notre démarche d’éditeurs telle que nous l’avons exposée :

 

nous proposons une expérience de lecture de textes chinois à travers une création française sous forme d’albums illustrés ;

 

cette création française se traduit non seulement par celle d’images, mais aussi par la mise en relation de textes d’auteurs dans des collections clefs et par leur présentation originale en albums ;

 

cette qualité de création est essentielle à une expérience de lecture « inédite » qui soit pertinente et enrichissante aussi bien pour un Chinois que pour un Français.

 

En un mot, les albums de HongFei Cultures sont conçus pour accompagner les jeunes lecteurs en France. Mais tous les lecteurs, y compris les Chinois, n’ont nulle raison de se sentir à l’écart : nous souhaitons que tout le monde puisse y trouver son bonheur.

 

Voilà un sens particulier de l’hospitalité. 

 

image : couverture d’un recueil de vingt quatre histoires écrites par GUO Ju-Jing (13e siècle) illustrées par LI Xia (fin 19e siècle).