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01/07/2009

Deux cultures, une maison

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À l’invitation de Mme Sophie Cornu, HongFei Cultures a eu le plaisir de participer à l’Université d’été de la littérature pour la jeunesse de l’Institut International Charles Perrault les 24 et 25 juin derniers à l’Hôtel de Mézières à Eaubonne (Val d’Oise). Les deux éditeurs de la maison d’édition ont, dans ce cadre, animé deux ateliers sur les thèmes respectifs de « La lecture autrement » et « Récits de voyages éditoriaux ».

 

Pour « Récits de voyages éditoriaux », nous avons axé notre présentation sur trois aspects de la trajectoire de la maison HongFei Cultures inscrite dans le paysage de l’édition française pour la jeunesse :  

   

 

la création d’une entreprise culturelle

 

Les deux fondateurs de HongFei Cultures ont chacun reçu et connu une formation et un métier avant de se consacrer à l’édition de jeunesse à plein temps. Ils ont fait la synthèse de leurs compétences professionnelles en 2007, réorganisées et actualisées au service de la création d’une maison d’édition. 

   

Celle-ci est un projet culturel qui vise, d’une part, à encourager la création des illustrateurs et auteurs en France, et d’autre part à inviter le public de France à l’expérience d’une culture autre par la littérature illustrée. La culture chinoise (d’où est issu C.-L. Yeh) est devenue une source importante d’inspiration du projet.

  

Mais elle n’en est pas moins un projet d’entreprise. Il nous appartient de concevoir une offre adaptée aux demandes de lecteurs et d’assurer l’équilibre budgétaire de l’exploitation par la vente des publications. En effet, indépendamment de son contenu culturel, le livre est un produit industriel et une marchandise qui n’échappe pas aux règles de la concurrence. Celle-ci peut décourager l’éditeur dans la conception de livres qui sortent des sentiers battus, tout comme elle peut l’obliger à toujours augmenter la qualité de ses publications.

 

la Chine nous inspire pour imaginer des livres pour enfants en France

  

La majeure partie des livres est souvent portée devant le lecteur grâce à des médiateurs. C’est particulièrement vrai lorsqu’il s’agit de livres pour enfants. Des libraires, bibliothécaires, enseignants, critiques, journalistes, associations, etc. … tous s’attèlent à repérer et recommander aux lecteurs de bons livres parmi ceux très nombreux paraissant saison après saison.

   

Dans ce contexte, pour exister, nos livres doivent se faire remarquer en apportant du nouveau dans leurs forme et esprit, sans aller jusqu’à devenir inclassables

  

HongFei Cultures cherche son équilibre dans cette « biodiversité » : 

   

- par son travail éditorial, elle présente des textes d’auteurs venant de la belle tradition littéraire chinoise à l’adresse du grand public qui, sans être sinophile, peut parfaitement recevoir ce que ces albums ont à offrir ;

   

- dans sa proposition, elle veut rendre possible une « transmission créative » entre parents et enfants. Elle n’ignore pas le besoin des parents à « transmettre » un corpus ou une culture et des valeurs à leurs petits, mais elle croit aussi en la capacité des parents à transmettre et partager bien plus que des histoires répétées : par exemple, l’intérêt pour l’inconnu et la joie de la découverte. 

   

la culture chinoise d’aujourd’hui peut faire sens pour le grand public français

  

Une expérience n’est pas une évasion, ni une connaissance livresque. Elle est un moment vécu qui transforme le regard. 

  

Certains livres proposent cette expérience en s’appuyant sur une imagerie chinoise immédiatement « reconnaissable » (peinture traditionnelle, lavis, traits de visage, habit, mobilier, maisonnette, etc.). Mais l’histoire est-elle vraiment chinoise ou ne l’est qu’en apparence ? En effet, il ne suffit pas de prendre une histoire française et de changer le prénom du héro de « Frédéric » en « Chao », pour la faire devenir une histoire chinoise. L’habit ne fait pas le moine.

   

La culture chinoise a mille facettes. Ce qui nous intéresse pour notre travail d’éditeur, ce sont celles que la Chine a singulièrement cultivées par rapport à d’autres civilisations. Par exemple, l’idée d’une humanité qui se conçoit toujours à partir des « êtres en relation » les uns avec les autres, ou encore celle des transformations constantes de notre monde comme source de liberté, de beauté et de joie, et non d’angoisse.

  

Nous avons constaté que, sans habiller ses personnages en robe chinoise, un artiste peut parfaitement exprimer et communiquer des émotions simples, profondes, concrètes et justes aux lecteurs petits et grands en France. Cela implique un travail d’éditeur différent de celui qui crée une compilation savante ou exhaustive pour un lectorat sinophile et adulte. C’est beaucoup de défi mais quand c’est réussi, non seulement les enfants en profitent, mais avec eux leurs parents (et c’est tant mieux pour la « transmission créative » évoquée ci-dessus) et même les Chinois qui, un jour, pourront découvrir cette part de leur héritage culturel sous une nouvelle lumière.

 

 

28/06/2009

Texte d'ailleurs, images d'ici

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À l’invitation de Mme Sophie Cornu, HongFei Cultures a eu le plaisir de participer à l’Université d’été de la littérature pour la jeunesse de l’Institut International Charles Perrault les 24 et 25 juin derniers à l’Hôtel de Mézières à Eaubonne (Val d’Oise). Les deux éditeurs de la maison d’édition ont, dans ce cadre, animé deux ateliers sur les thèmes respectifs de « La lecture autrement » et « Récits de voyages éditoriaux ».

 

Pour « La lecture autrement », nous avons présenté la démarche et l’expérience de HongFei Cultures résumées en quatre mots clefs : « Texte d’ailleurs, images d’ici ». Plus concrètement, il s’est agi pour nous d’inviter les participants à (re)découvrir deux problématiques liées à la littérature jeunesse :

 

le défi de proposer un texte venu d’ailleurs aux jeunes lecteurs

 

La lecture de tout texte, comme pratique, relève d’une discipline qui implique un apprentissage par lequel on acquiert des outils pour apprécier la qualité (ou son absence) d’une œuvre écrite, avec méthode. Ces outils simples à la portée de tout un chacun permettent au lecteur de prendre du plaisir au texte. Il y voit, par exemple, que l’intérêt d’un récit ne se réduit pas à son intrigue, mais tient aussi et surtout au talent de l’auteur à créer des scènes et des personnages singuliers et convaincants, avec son art et son humanité.

 

La lecture d’un texte venu d’une autre culture n’exige pas un apprentissage plus avancé que cela, si l’éditeur réussit à prendre quelques précautions dans la présentation des textes à publier. Premièrement, il veille à ce que l’humour (une forme plaisante de l’esprit) du texte originel sélectionné soit transmissible et effectivement transmise. Si on égare cette humour en cours de route, l’œuvre perd son âme à l’arrivée. Deuxièmement, il veille à ce que le lecteur ne tombe dans le piège des idées reçues. La tentation de voir l’Autre comme intrinsèquement différent (le goût de l’exotisme) ou comme un miroir de soi (le désir d’ignorer ce qui dérange par sa différence) est grande. Nous, comme éditeurs, souhaitons accompagner les lecteurs à aller au-delà de cette tentation et à goûter au plaisir de l’humour d’un auteur étranger, en nous aidant des images créées ici.

 

le rôle à faire jouer aux images créées « ici », dans cette lecture

 

Entre un texte d’auteur chinois et le jeune public français, les éditions HongFei Cultures favorisent la naissance d’images originales créées par des artistes et illustrateurs d’ici pour que chacun puisse voyager avec plus de liberté entre les cultures s’il le souhaite. 

 

L’idée à l’origine de cette démarche est simple : pour un texte sélectionné, nous consultons un ou plusieurs illustrateurs en France dont l’expression et l’humour nous paraissent correspondre à l’esprit et la subtilité de l’œuvre écrite. L’illustrateur devient LE premier lecteur du texte en question, accompagné par l’éditeur avec les considérations particulières évoquées ci-dessus. Une telle « lecture juste » est la condition préalable pour une création authentique, loin des clichés convenus.

 

Le lecteur est alors invité à marcher sur les pas de l’illustrateur d’ici dans la lecture d’un texte d’ailleurs. L’illustrateur devient un éclaireur et un compagnon sur le chemin de la découverte de l’Autre.

 

 

Que l’aventure continue…

 

27/12/2008

C’est quoi, une « expérience » ?

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Dans deux des dernières notes du blog, nous avons parlé d’une « expérience de lecture ». Mais, qu’entendons-nous par le mot « expérience », précisément ?

 

Comme le sens des mots est parfois mieux défini « en creux », voyons d’abord ce qui n’est pas une expérience. Par exemple, dans la plupart des cas, une évasion n’est pas une expérience. L’évasion, à l’occasion d’une lecture, s’apparente généralement à une parenthèse qui s’ouvre puis se ferme, dans un cours à peine perturbé de la vie. Après la parenthèse, on « reprend une vie normale » et ses habitudes. Quant à l’expérience, au contraire, on n’en sort pas indemne. Après une expérience, nous ne regardons plus le monde de la même manière qu’avant. Nous acquérons une nouvelle façon d’interagir avec le monde – une façon plus riche dans le meilleur des cas.

 

Une autre manière de définir l’expérience consiste à distinguer et contraster les deux sens du mot. Dans la langue anglaise, ce double sens s’exprime avec deux mots distincts : experience et experiment. Tandis que l’experiment renvoie à un protocole d'épreuve préalablement établi, éventuellement répété, par lequel on teste une théorie ou collecte de nouveaux objets d’observation, le mot experience met davantage l’accent sur une connaissance ou une sagesse qui ne s’obtient pas autrement que par un vécu, une pratique. Avec l'expérience, nous créons un sens à notre parcours au lieu de le trouver tout fait.

 

L’expérience se vit ainsi comme un processus ouvert qui stimule nos sens et libère notre esprit. Si, au début d’une expérience, le premier pas vers l’inconnu peut inquiéter, ceux qui suivent finissent par élargir nos horizons et nous permettre d’être mieux en phase avec le monde qui nous entoure. C’est dans cette perspective que nous invitons nos lecteurs à une « expérience de lecture » d’une littérature chinoise accessible aux enfants.

 

image : le mot « expérience » en deux caractères chinois

24/12/2008

Lire et faire lire dans la Meuse

conference-LFL.jpgCaroline Hayot de la librairie Larcelet (Saint-Dizier) nous avait contactés en septembre dernier. Trois mois plus tard, grâce à son entremise, mon associé Loïc JACOB et moi avons eu le privilège de partager une journée riche en échanges avec environ vingt-cinq lecteurs bénévoles de l’association Lire et faire lire – Meuse, à Saint-Mihiel près de Bar-le-Duc.

 

Un grand merci à Elodie AIMOND et Loïc RAFFA qui pilotent les rencontres avec l’association. Entre Elodie, soucieuse de notre bien être et qui a su mobiliser tous ces bénévoles, et Loïc qui, apprenant lors du déjeuner que j’avais traduit en chinois Les paradis artificiels de Charles Baudelaire, me parla de l’auteur anglais Thomas de Quincey dont les écrits sont un élément clef de l’ouvrage, l’accueil fut chaleureux. Et c’est sans oublier l’enthousiasme appuyé du président de l’UDAF (Union départementale des associations familiales de la Meuse), Philippe GEURING présent ce jour-là.

 

Nous avons pu présenter les projets réalisés et à venir de HongFei Cultures à un auditoire très attentif et intéressé. Sans faire ici le résumé de cette journée, je me contenterai de souligner la particularité de notre démarche d’éditeurs telle que nous l’avons exposée :

 

nous proposons une expérience de lecture de textes chinois à travers une création française sous forme d’albums illustrés ;

 

cette création française se traduit non seulement par celle d’images, mais aussi par la mise en relation de textes d’auteurs dans des collections clefs et par leur présentation originale en albums ;

 

cette qualité de création est essentielle à une expérience de lecture « inédite » qui soit pertinente et enrichissante aussi bien pour un Chinois que pour un Français.

 

En un mot, les albums de HongFei Cultures sont conçus pour accompagner les jeunes lecteurs en France. Mais tous les lecteurs, y compris les Chinois, n’ont nulle raison de se sentir à l’écart : nous souhaitons que tout le monde puisse y trouver son bonheur.

 

Voilà un sens particulier de l’hospitalité. 

 

image : couverture d’un recueil de vingt quatre histoires écrites par GUO Ju-Jing (13e siècle) illustrées par LI Xia (fin 19e siècle).