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17/10/2012

Le Japon, voisin inconnu [2]

rDSC00131.jpgAu 19e siècle, les Occidentaux qui s’installaient dans la ville portuaire de Kobé ont fait construire des villas de style européen, dans le quartier nord à flanc de colline. Aujourd’hui, une soixantaine de villas y sont toujours debout après le violent séisme de 1995 ; l’une d’entre elles, particulièrement bien entretenue, est connue sous le nom de La maison à girouette

Selon notre guide, cette maison fut rendue célèbre grâce à une série télé diffusée en 1977 qui racontait la vie mouvementée d’un couple mixte germano-japonais, avec les joies et les peines que connaissent toutes les unions d'êtres issus de cultures éloignées. À l’intérieur de la maison sont exposées les photos d’un négociant allemand et de sa petite fille habillée en kimono. J’étais songeur : à quoi pouvait-il penser, cet Allemand, lorsqu’il faisait construire sa maison et élevait sa fille dans ce pays à l’autre bout du monde ? Soudain, j’ai eu le sentiment que nous nous comprendrions, et que dans un sens nous appartenions à la même famille, à la même patrie. Je ne me sentais plus seul. 

En fait, après vingt ans passés en Europe, il m’arrivait encore de m’interroger sur mon choix de jeunesse et de rêver à l’autre vie que je n’ai pas vécue, où Taïwan aurait été mon unique petit pays et où la France serait restée une carte postale si jolie. Mon esprit continuait de se tourmenter. Sans m’y attendre, j’ai trouvé la paix intérieure ici à Kobé. 

En japonais, la girouette s’écrit en trois caractères kanji 風見鶏 qui signifient « vent-révéler-coq » ou « coq qui révèle le sens du vent ». Homme volontaire, j’ai tenté de me frayer un chemin dans ce monde et suis probablement devenu moins sensible aux forces invisibles de la vie. Mais il suffit parfois d’ouvrir ses bras pour les caresser et s'en laisser traverser. Devant le vent du grand Mystère, l’émerveillement ne laisse pas de place au regret. 

Chun-Liang YEH

japon,europe,culture,voyage,vie

09/05/2012

L’Universalité et l'existence de l'Autre. [2/3]

la-soie-et-le-canon.jpgLors de la soirée évoquée dans l’épisode précédent, l’écrivaine-voyageuse en est venue à m’enjoindre de reconnaître les Droits de l’Homme comme une valeur universelle, faute de quoi je serais complice des mesures, critiquées en France, du gouvernement chinois actuel.  

Étrange mise en demeure…

 

Je pense pourtant qu’il est possible de questionner les valeurs universelles, ou plus précisément leur instrumentalisation, indépendamment de l’actualité politique de tel ou tel pays. 

 

En effet, chez certains défenseurs des droits universels de l’homme, une attitude me paraît particulièrement troublante : il leur arrive d’emprunter le costume de l'évangéliste ou pire, de l'inquisiteur. Pour eux, l’« universalité » est un label qui les dispense de la nécessité de connaître les peuples qu’ils entendent convertir à la lumière et la raison. Ils font ainsi peu de cas des « cultures » rencontrées sur leur passage.

 

Ces « missionnaires » des temps modernes oublient une chose essentielle : les peuples rencontrés ne sont pas des arriérés et ont une mémoire et un regard sur les arrivants. A ce double titre, ils exigent de ces derniers une crédibilité à la hauteur des valeurs proclamées. Or, pour ce qui les concerne, les Chinois ne reconnaîtront probablement pas les Européens comme  pleinement crédibles tant que ceux-ci demeureront ignorants d'un passé récent entre l’Europe et la Chine (parce qu'il est fort peu enseigné à l'école ici).

 

Lors du dîner que j'évoque plus haut, un convive plein de bonne intention m'a expliqué que ce sont les Anglais qui, arrivant en Chine au 19e siècle, ont obligé les Chinois à cesser de se droguer avec l'opium. Mais faut-il rappeler que :

 

[…] les Britanniques, au nom de la liberté du commerce, envoient leur flotte de guerre en juin 1840 pour imposer par la force le droit de vendre (en Chine) la drogue venues des Indes… Il ne s’agit cependant pas que d’une page particulièrement honteuse de l’histoire britannique, mais bien, pour les rapports entre l’Occident et la Chine, d’un tournant historique. Les manuels d’histoire français d’aujourd’hui oublient totalement les guerres de l’Opium, alors que la France a participé très activement à la deuxième… 

Extrait de « Opium et canonnières » par Alain Croix et Vincent Joly, in La soie & le canon, France-Chine 1700-1860, éd. Gallimard, catalogue de l’exposition éponyme au musée de l’Histoire de Nantes, 2010. 

Chun-Liang YEH

 

24/05/2008

Eurovision : tel un oiseau migrateur

EL_CB_Budapest_200806.jpgCette année, il a atterri là ; l'année suivante, ailleurs. C'est vrai que ça fait longtemps qu'il n'a pas posé ses pattes en France, mais ce n'est pas une raison pour ne pas l'aimer. Si l'on peut regretter que les votes soient parfois motivés par des critères étrangers à la qualité de la prestation des artistes, ils semblent néanmoins refléter une certaine dynamique migratoire de l'Europe actuelle, et ce notamment concernant l'Est.

 

Enfin, l'Europe est grande justement parce que tout le monde n'est pas Français sur ce "continent". J'aime l'Europe certes pour son sens de l'hospitalité, mais peut-être encore plus pour l'air cosmopolite qu'on y respire, au bord du Danube.

 

Image : Derrière le Parlement, Budapest 2005