Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

17/10/2012

Le Japon, voisin inconnu [2]

rDSC00131.jpgAu 19e siècle, les Occidentaux qui s’installaient dans la ville portuaire de Kobé ont fait construire des villas de style européen, dans le quartier nord à flanc de colline. Aujourd’hui, une soixantaine de villas y sont toujours debout après le violent séisme de 1995 ; l’une d’entre elles, particulièrement bien entretenue, est connue sous le nom de La maison à girouette

Selon notre guide, cette maison fut rendue célèbre grâce à une série télé diffusée en 1977 qui racontait la vie mouvementée d’un couple mixte germano-japonais, avec les joies et les peines que connaissent toutes les unions d'êtres issus de cultures éloignées. À l’intérieur de la maison sont exposées les photos d’un négociant allemand et de sa petite fille habillée en kimono. J’étais songeur : à quoi pouvait-il penser, cet Allemand, lorsqu’il faisait construire sa maison et élevait sa fille dans ce pays à l’autre bout du monde ? Soudain, j’ai eu le sentiment que nous nous comprendrions, et que dans un sens nous appartenions à la même famille, à la même patrie. Je ne me sentais plus seul. 

En fait, après vingt ans passés en Europe, il m’arrivait encore de m’interroger sur mon choix de jeunesse et de rêver à l’autre vie que je n’ai pas vécue, où Taïwan aurait été mon unique petit pays et où la France serait restée une carte postale si jolie. Mon esprit continuait de se tourmenter. Sans m’y attendre, j’ai trouvé la paix intérieure ici à Kobé. 

En japonais, la girouette s’écrit en trois caractères kanji 風見鶏 qui signifient « vent-révéler-coq » ou « coq qui révèle le sens du vent ». Homme volontaire, j’ai tenté de me frayer un chemin dans ce monde et suis probablement devenu moins sensible aux forces invisibles de la vie. Mais il suffit parfois d’ouvrir ses bras pour les caresser et s'en laisser traverser. Devant le vent du grand Mystère, l’émerveillement ne laisse pas de place au regret. 

Chun-Liang YEH

japon,europe,culture,voyage,vie

14/04/2011

La mer me dit...


0413-1-couv.jpgà découvrir en librairie depuis le 7 avril 2011

Chun-Liang Yeh / Sophie Roze, L'Autre Bout du Monde, coll. Belle Île Formosa, éd. HongFei Cultures, 2011.

13/04/2011

L’Océan lointain

yuanyang.jpgL’album L’Autre Bout du monde a vu le jour au printemps 2011. Nous en sommes heureux.

 

A l’origine du projet se trouve Loïc : nous discutions de tas de sujets pendant notre long trajet entre Paris et Mouans-Sartoux à l’automne 2009. Ma grand-mère s’est invitée à notre conversation. Après deux mois de gestation, l’histoire fut écrite en un temps assez court.

 

Loïc a aussi apporté sa pierre précieuse à l’une des touches finales de l’album. Nous travaillions avec l’illustratrice Sophie Roze sur l’image de la couverture. Comment suggérer avec subtilité que l’histoire ne se déroule pas sur la côte de Bretagne mais dans un pays lointain ? Loïc nous rappela alors que tous les bateaux ont un nom… et le bateau de Langlang aura un nom chinois sur la coque.

 

Dans l’une des pages intérieures, le bateau qui transporte Langlang chez sa grand-mère s’appelle 旗津号 Qi Jin Hao, Qi Jin étant le nom de l’île de pêcheurs où il se rend. Sur la couverture, fier dans ses toute nouvelles baskets reçues en cadeau, Langlang prend un bateau qui porte trois mots 遠洋号 Yuan Yang Hao en guise de son nom « L’Océan lointain ».

 

Et n’est-ce pas avec les mots qu’on voyage vraiment loin, plus loin que le bout du monde, dans le cœur des gens ?

 

(post rédigé par Chun-Liang) 

 

Image extraite de l’album L’Autre Bout du monde, illustré par Sophie Roze.

08/09/2010

Paysages secrets

BL_EMP1.jpgComme étudiant à l'université, avec mon premier salaire de professeur de science physique à domicile, je me réjouissais à l'idée de m'offrir quelques beaux livres de géographie illustrée, dont un recueil des images des plus beaux sites du monde. N’a-t-on pas dit dans une chanson du groupe Boston : 

  

"It's what you can see that takes you there, your destination."

  

C'est ce que tu peux voir qui t'emmène là, à ta destination. 

     

Avant même que j'aie le temps de réaliser mes vœux (de beaux livres), un vendeur d'encyclopédies a réussi à me convaincre que 33 volumes de Britannica, c'était mieux. C'est ainsi que je me suis embarqué pour un voyage imaginaire plutôt par les mots que par les images.

   

Parmi mes lectures, depuis mon enfance, que ce soit en image ou en texte, les récits de voyage m'attirent plus que les autres genres. Ils me sont doux comme le chant de sirènes.

  

En comparaison, mon intérêt pour les biographies des hommes du passé ou du présent est très récent. Il s'est installé sans que je m'en aperçoive. Il est probable que l'étude des personnages dans les romans a aiguisé ma sensibilité aux mouvements des cœurs humains. Je suis amené, petit à petit, à lire les hommes et les femmes rencontrés dans la vie. Joies, douleurs, rêves et espoirs constituent un paysage intérieur des êtres humains, pas moins fascinant à explorer et à contempler que les sites extraordinaires montrés dans les guides touristiques.

   

De ces paysages secrets, j'en ai vu de très beaux. J'en suis heureux.

   

 

 

image extraite de l'album Les Deux Paysages de l'empereur, illu. Wang Yi, en librairie le 28 octobre 2010.