30/01/2011
Un auteur chinois s’exprime-t-il comme un auteur français ?
Dans un souci constant de simplicité sans être simpliste, nous suggérons qu’on aborde la question des « caractéristiques » des textes littéraires chinois par deux problématiques : la récurrence dans le vocabulaire utilisé, et le rythme de la narration.
La récurrence : des auteurs chinois, dont quelques uns des plus grands poètes de l’histoire littéraire du pays comme LI Bo 李白et LI Shangyin 李商隱, sont extrêmement habiles à l’emploi répété de mots dans certaines de leurs compositions. Un lecteur français, peu familier avec cet art de la récurrence et habitué à manier des synonymes, peut s’étonner de la « pauvreté » du vocabulaire de ces poèmes considérés comme la fine fleur de la littérature chinoise. Or, pour un lecteur chinois, c’est une source importante du plaisir et une évidence du talent de l’artiste. En effet, l’apparition d’un même mot à deux endroits différents de la composition, parfois avec une petite variation, n’est pas une simple répétition mais une « récurrence », car le contexte a évolué entre la première apparition et la deuxième. La transformation n’est pas marquée par le changement du mot qui désigne la chose, mais par un changement du contexte dans laquelle elle est située.
Le rythme : lorsqu’un auteur chinois mène sa narration sur un rythme inhabituel pour une oreille française, il peut s’agir d’une expression propre à l’auteur comme individu, comme il peut s’agir d’une expression beaucoup plus partagée par les auteurs de langue chinoise. Sur ce dernier point, nous avons eu récemment un échange très intéressant avec notre relectrice Sophie Harinck sur un texte à paraître au printemps*. En fait, en relisant notre traduction française, Sophie nous a fait remarquer qu’à tel endroit il devrait y avoir un changement de paragraphes, et qu’à tel autre endroit le changement de paragraphes serait à supprimer. Pourtant, nous n’avions fait aucun remaniement entre le texte d’origine en chinois et sa traduction française. Cet exemple nous paraît très éloquent sur la manière dont un rythme différent interpellerait le lecteur : là où le lecteur français s’attend à un arrêt, l’auteur chinois avance ; et là où le lecteur français s’attend à une continuité, l’auteur chinois marque une ponctuation.
Il est entendu que ces deux problématiques, aucunement exhaustives, sont citées à titre de démonstration et par rapport à l’habitude de lecteurs francophones. En publiant des textes d’auteurs chinois, nous sommes constamment confrontés à ces problématiques ; il s’agit toujours de veiller au respect de la création de l’auteur comme de la réception de lecteurs, dans notre proposition consciencieuse d’éditeur.
* La Bête et les petits poissons qui se ressemblent beaucoup par Pei-Chun Shih, avec des illustrations originales de Géraldine Alibeu (cf. l'image, à paraître le 24 mars 2011). Le texte a été distingué par le prix « Meilleure lecture de l’année 2007 » de l’Association de littérature jeunesse de Taïwan.
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04/11/2010
Textes d'auteurs chinois
Nous avons eu récemment une occasion d’expliquer, dans deux émissions de radio* sur l’actualité culturelle, l’offre éditoriale que nous formulons depuis trois ans, à travers notamment une présentation des nouveaux titres de la rentrée.
Nous avons aussi eu le grand plaisir de constater un intérêt réel chez nos deux interlocutrices sur l’une des spécificités de notre proposition : les textes d’auteurs chinois.
Que les auditeurs qui nous ont écoutés nous excusent des explications partielles données allègrement sur les ondes. En effet, derrière ces mots simples, il y a tout un univers qu’une vie entière ne suffirait pas à explorer de manière exhaustive. Nous nous efforçons, malgré tout, d’évoquer quelques facettes de cette problématique, comme un début de réponse qui se prolongera sûrement sur les prochains posts de ce blog :
1. Pourquoi publions-nous les textes d’auteur, et non les contes populaires de la tradition orale ?
2. La tradition littéraire chinoise peut-elle se reconnaître, comme une peinture chinoise se différencie d’une peinture occidentale ?
3. Quelles seraient les caractéristiques de la littérature chinoise, en particulier celle accessible aux jeunes lecteurs ?
4. Comment situer une création contemporaine (comme Pi, Po, Pierrot, Face au Tigre et Les Deux Paysages de l’empereur, Marée d'amour dans la nuit) par rapport à cette tradition littéraire ? Comment peut-on valoriser son originalité et sa singularité d’auteur tout en s'inscrivant dans une tradition littéraire ?
Voilà de quoi nous occuper pour quelques temps...
Image extraite de l'album Les Deux Paysages de l'empereur, illus. Wang Yi
* les liens vers l'enregistrement de ces émissions seront bientôt disponibles sur ce blog.
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03/12/2008
Rencontre des cultures à Montreuil
Ce fut la première participation de HongFei Cultures au salon du livre et de la presse jeunesse à Montreuil, sur un stand individuel. Nous remercions tout particulièrement les amis qui nous ont aidés à mettre en place cet espace accueillant : Corinne et Thierry par leur disponibilité en transportant les meubles et les livres, à l’aller comme au retour ; Corinne nous ayant accompagnés tous les jours sur le stand avec sa longue expérience de libraire ; sans oublier Laurian et Philippe qui nous ont prété du mobilier esthétique, pratique et parfaitement aux normes de sécurité.
Six jours ont passé comme une flèche. Tous les illustrateurs collaborant avec HongFei Cultures nous ont fait l’honneur d’être présents pour des rencontres-signatures. De nouvelles connaissances ont été nouées avec des illustrateurs et des éditeurs, très importantes pour la progression en qualité de notre offre éditoriale.
La rencontre avec le public, gratifiante, reste très instructive pour affiner notre proposition d’une « expérience de lecture » de la littérature chinoise augmentée d’images créées par des illustrateurs de France. En effet, dans la sélection des textes chinois comme dans le choix des artistes français, nous avons voulu accompagner les lecteurs sur un sentier peu pratiqué envers une culture vivante partagée par plus d'un milliard de Chinois. Pour les albums déjà publiés, et pour ceux à venir, nous nous perfectionnons chaque jour pour être à la hauteur de cette intention.
Chers lecteurs, à notre mesure nous formulons cette invitation à découvrir la culture chinoise dans le respect des sensibilités du jeune public français. Lors de vos visites sur notre stand, vous vous êtes montrés sensibles à ce « respect » par un simple regard lumineux ou un sourire rayonnant. Croyez bien que c’est une reconnaissance très précieuse pour nous.
En attendant la parution de nos prochains albums au printemps 2009, j’espère que chaque lecture de nos livres et chaque visite de nos blogs et de notre site vous procurera le même plaisir de rencontre.
18:22 Publié dans journal d'éditeur | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : montreuil, salon, littérature chinoise, respect, sensibilité, découverte | Facebook |