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15/05/2010

Quand le traducteur rencontre les libraires

Janvier dernier, nous avons été contactés par Nadia Ducerf, formatrice à l’INFL (Institut National de Formation de la Librairie), pour une séance d’échanges avec des futurs libraires. L’objectif était de sensibiliser ces derniers à la problématique de la traduction, pour qu’ils disposent de repères pertinents lorsqu’ils conseillent les lecteurs sur les ouvrages d’auteurs d’ailleurs.         

   

Nous avons répondu positivement. Trois mois plus tard, j’ai pu partager mon expérience de traducteur - notamment à travers les exemples de Tigre le Dévoué (éd. HongFei Cultures 2009) et Les Paradis artificiels de Charles Baudelaire (Faces Publications, Taipei 2007) - avec une vingtaine de jeunes professionnels motivés. Un grand merci à Nadia pour son volontarisme et sa confiance en notre compétence et implication, ainsi qu’à l’équipe de l’Institut pour son accueil chaleureux. 

   

»fiche descriptive Mots enchanteurs, mots voyageurs, dans le cadre des Rencontres de HongFei Cultures

 

16/01/2010

Voyage interplanétaire (3)

NTU_TOP01.jpegParis-Taipei : dix heures de vol sans escale. Lire un journal en chinois à bord d’un avion me fait toujours un drôle d’effet : article après article, page après page, on a la sensation d’embarquer dans un accélérateur débouchant sur une planète qui évolue à une vitesse folle. Ca donne le tournis.

Économie, technologie, finance, tourisme, région, gouvernance, environnement, société, etc. : les secteurs de l’industrie et de l’équipement me paraissent les plus hallucinants. Les prévisions à l’horizon de 2012 ? Elles sont évoquées non pas pour qu’on discute de « comment y arriver ? », mais pour qu’on prenne des décisions aujourd’hui en ayant intégré ces « acquis ». Ici, le futur s’écrit au présent. Quant au passé…

Quant au passé, il arrive qu’il ne se laisse pas effacer et qu’il resurgisse de manière inattendue. Il y a une semaine, j’ai reçu le mail d’un camarade de faculté des sciences physiques : les anciens étudiants de notre promotion se donnent rendez-vous pour un déjeuner de travail, en vue d'une réunion vingt ans après notre fin d'études.

« The Past Is a Foreign Country » (Le Passé est un pays étranger) : j’ai toujours aimé le titre de ce livre écrit par David Lowenthal en 1985. Me voilà prêt pour un autre voyage intersidéral…

 

image : National Taiwan University © http://homepage.ntu.edu.tw/~ktchou/

09/01/2010

Voyage interplanétaire (2)

BL_SJG.jpgUn voyage interplanétaire a ceci de particulier : on ne peut pas être sur deux planètes en même temps. Comme les planètes ne se touchent jamais, pour atterrir sur l’une il faut avoir quitté l’autre. 

 

Cette métaphore pour un déplacement entre deux pays m'a d'abord paru tout à fait convaincante. En effet, je suis né et ai grandi sur l’île de Taiwan. Me rendre dans un autre pays impliquait « une traversée » par bateau ou par avion. De là à s’imaginer dans un vaisseau spatial, il n’y a qu’un pas.

 

Or, cette évidence a été bouleversée lors de mon premier voyage de Paris à Amsterdam en bus. J’avais appris à l’école que Les Pays-bas et la France sont deux pays distincts et pourtant ! Sans bateau ni avion, je me suis retrouvé dans un autre paysage où les gens parlent une autre langue. 

 

Avec cet étonnement j'ai pris conscience que le franchissement de frontières invisibles – celles de langues, de coutumes et de manières de penser, par exemple – peut être tout aussi passionnant que la traversée d’un espace interstellaire.

 

Et quand on sait que, au-delà des frontières, on peut continuer à donner, recevoir, rêver et aimer, on commence à se sentir chez soi sur la terre.

 

 

image extraite de l'album "Si je grandis..." par Mélusine THIRY (éd. HongFei Cultures 2009)

 

  

18/12/2009

Voyage interplanétaire (1)

revueplanetechinois.jpgLe 11 décembre à 18h à la librairie Le Phénix, nous avons assisté à la présentation du deuxième numéro de « Planète Chinois » : la revue de tous ceux qui étudient le chinois (et découvrent une culture), fruit d’une collaboration de qualité entre la prestigieuse maison d’édition chinoise Shangwu Yinshuguan et le CNDP (Centre national de documentation pédagogique). Le périodique trimestriel, riche en articles, photos, reportages, initiations à la langue et l’écriture chinoises, se prolonge avec un site internet qui fournit gratuitement des supports multimédia interactifs pour transporter le lecteur sur une autre planète, sans bagage (ni émission de CO2).

 

Cette belle publication en main, je cherche des mots pour vous inviter à en faire l’expérience. Soudain, ma pensée fait un grand bond en arrière. En 1989 (il y a vingt ans, et oui), je me suis inscrit à l’Alliance Française de Taipei pendant deux trimestres pour commencer mon apprentissage de la langue française.

 

C’était un cours du soir, deux ou trois séances par semaine. Mon premier professeur s’appelait Brigitte et le deuxième Valérie, toutes les deux jeunes, belles et fort sympathiques. Pour rendre mes devoirs rédigés en français, j’utilisais mon PC ; les lettres avec accent devaient être saisies une à une avec la fonction « insérer des caractères spéciaux ». C’était fastidieux mais j'étais fier de présenter mes compositions à Valérie (avec Brigitte, je n’avais pas encore le niveau pour écrire).

 

… Je m’éloigne un peu du sujet qui est la revue « Planète Chinois ». Mais en effet, elle me rappelle la méthode française « Sans Frontières » pratiquée à l’Alliance Française en 1989. J’y ai découvert l’existence fictive d’un monsieur (dont j’ai oublié le nom et prénom), pianiste habitant Place Contrescarpe à Paris. Celle aussi de plusieurs jeunes Suisses voyageant en Bretagne ayant obtenu l’aimable permission d’un agriculteur de camper sur son champ d’artichauts ; pour le remercier ils lui offraient des chocolats suisses avant de repartir.

 

Trois ans plus tard, j’ai atterri sur la Planète Français. Qui l’eut cru ?

 

Seul, empruntant le métro parisien, sous un ciel gris, je suis venu voir de mes propres yeux cette fameuse place Contrescarpe (hélas je ne saurai pas vous dire à quoi ressemble un champ d’artichauts en Bretagne ; je n’en ai jamais vu).

 

(à suivre)

23/09/2009

Le sens du patrimoine

9782862220475_concept-patrimoine-chine.gifC'est par mon ancien métier d’architecte que j'ai été amené à connaître l’auteur avant qu’il ne publie cet ouvrage de référence sur la signification du « patrimoine » pour les Chinois. Architecte et urbaniste, Zhang Liang aborde ce sujet en s’appuyant sur des exemples de patrimoine bâti en Chine, mais la portée de sa réflexion va bien au-delà de ce champ d’investigation.

 

Dès l’introduction, l’auteur dresse une carte d’exploration pour les lecteurs peu familiers avec le monde chinois. Sur la notion d’authenticité, il souligne « une opposition entre absence de préservation matériellement authentique et respect des valeurs spirituelles et morales du passé. » Quant à l’éternité, elle « habite les gens plutôt que les pierres, l’architecte mais non l’architecture. »

 

Sur le rapport au passé et l’attitude envers le changement des Chinois, l’auteur cite une phrase clé tirée de la célèbre Préface au Pavillon des orchidées du calligraphe WANG Xizhi (303-361) : « Nos successeurs nous regarderont comme aujourd’hui nous regardons le passé. »

 

C’est en devenant nous-mêmes créateurs de sens et de beauté que nous nous rendons dignes héritiers du riche patrimoine culturel légué par les hommes et les femmes qui nous ont précédés.

    

 

couverture : La naissance du concept de patrimoine en Chine, xixe-xxe siècles

auteur : Zhang Liang

éditions : Recherches/Ipraus, 2003

  

20/09/2008

« 100 mots pour comprendre les Chinois », de Cyrille J.-D. JAVARY

EL_CB_100motsJavary.gifMa rencontre avec Monsieur JAVARY a quelque chose d’un « coup de foudre ». C’était à la Maison de thé de Mademoiselle LI, au Jardin d’Acclimatation de Paris en mai 2008, lors d’une conférence qu’il donnait sur la civilisation chinoise et le rapport à la modernité de cette vieille nation.

 

J'étais le seul Asiatique de l’audience ; probablement le plus exalté aussi du fait de ma qualité chinoise. Cela n’était pas une surprise pour le conférencier expérimenté : beaucoup de Chinois avant moi l’ont déjà félicité, et il y en aura beaucoup qui le feront après.

 

Paradoxalement, c’est un Chinois qui peut le mieux reconnaître la valeur de l’œuvre et de la pensée de Monsieur JAVARY, alors que son écrit est d’abord lu par un public français désireux de connaître la Chine. Pour être plus précis, c’est en tant que Chinois vivant en Occident que je me sens particulièrement concerné par les problématiques développées et éclairées par lui : il me parle des « impensés » culturels comme peu de gens l'ont fait jusqu'ici – tout au moins pas avec une telle intensité intellectuelle et simplicité de langage. 

 

Sa connaissance intime de la Chine lui permet de traiter une palette étendue de sujets autour de ce pays : cosmologie, philosophie, sociologie, et quand il en parle, son propos est précis et argumenté, sans approximation. Le livre « 100 mots pour comprendre les Chinois » ne fait pas exception. Cet ouvrage, qui n’est pas un manuel pour apprendre la langue chinoise, pas plus qu'un dictionnaire, peut être lu aussi bien par les lecteurs sans la moindre connaissance de cette langue, que par ceux qui ont le chinois comme langue maternelle. Par son approche « anthropologique », ce livre nous rappelle une vérité simple : l’apprentissage des mots donne la clef non seulement de la maîtrise d’une langue, mais aussi de la compréhension d’une vision du monde, et ouvre la possibilité de « converser » fraternellement avec les gens qui parlent cette langue. Quelle serait la finalité de la connaissance d’une langue, si ce n’était pas celle-là ?

13/09/2008

Fête de la mi-automne

EL_Chang-E.jpgDepuis la dynastie des Tang (VIIIe siècle), la fête de la mi-automne est célébrée le 15e jour du huitième mois lunaire, qui précède toujours une nuit de pleine lune. Pour les Chinois, la lune paraît particulièrement belle et brillante à cette date. Tellement belle qu'il serait triste de la contempler tout seul. A l'image de la lune qui recouvre sa forme pleine, la famille se réunit pour la fête, non sans une certaine mélancolie : dans la vie, les êtres aimés nous manquent trop souvent, et les retrouvailles sont aussi rares que la plénitude de la lune paraît exceptionnelle.

Image extraite de l'album Lunes de Chine (éd. HongFei Cultures, 2007)


» la légende de Chang'E s'envolant dans la lune

» la légende du Vieillard-sous-la-Lune

28/08/2008

Hospitalité [1]

La cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Pékin a été une occasion de recentrer notre regard sur la civilisation chinoise. Si l'on ne se contente pas de commentaires de presses mal informés ou biaisés par les idéologies, on peut effectivement y "entendre" le message qu'une nation voudrait porter au monde. Cette occasion est d'autant plus précieuse que la nation en question, la Chine, a souvent été - et l'est encore aujourd'hui - admirée ou méprisée en Occident pour de mauvaises raisons. 

Entendons-nous l'une des phrases souvent citées par les Chinois autour de l'événement : « N'éprouve-t-on pas de la joie avec des amis venant de loin ? » Cette phrase est extraite du premier paragraphe du premier chapitre des Entretiens de Confucius.

Pour sa traduction, j'ai consulté la proposition de deux références françaises sans être satisfait. Après avoir lu une version anglaise et une transcription en chinois moderne, je considère que celle proposée ci-dessus ne trahit pas le sens du texte d'origine. Au-delà de la traduction d'une seule phrase, il convient de la lire dans le contexte des trois phrases qui se suivent :

 

Le maître dit :

N'est-ce pas un plaisir d'apprendre et de mettre sa connaissance en application au moment opportun ?

N'éprouve-t-on pas de la joie avec des amis venant de loin ?

N'est-ce pas un homme de bien qui, incompris des autres, garde son esprit serein ?

 

La première phrase parle du rapport à soi : être homme, c'est avoir la faculté d'apprendre et de s'élever dans sa condition humaine. La deuxième phrase parle du rapport aux autres : un être qui arrive de loin, pourvu qu'il partage tes exigences et aspirations, peut parfaitement être ton ami. La troisième phrase propose une synthèse : il ne faut pas être désabusé même si la rencontre avec l'être partageant tes exigences et aspirations tarde à se concrétiser.

L'un des charmes de l'hospitalité à la chinoise consiste à voir une amitié potentielle dans chacun des arrivants.

 

» le site de l'AFPC (Association Française des Professeurs de Chinois)

08/06/2008

Aujourd'hui, la pointe d'été.

Les fêtes traditionnelles en Chine sont étroitement liées au cycle annuel de la vie paysanne. En effet, au gré de la naissance et la disparition des dynasties, il n'y a pas d'homme assez grand pour marquer le calendrier du peuple chinois d'une empreinte indélébile. Seules les saisons le peuvent.

 

Ainsi, l'été en Chine se signale au cinquième jour du cinquième mois lunaire, dit Duanwu jie 端午節 (fête de la pointe d'été). En pratique, des rituels élaborés dans le temps doivent protéger les vivants des épidémies que favorise l'arrivée des chaleurs : on décore les portes d'entrée avec des herbes protectrices comme l'armoise et l'effigie de Zhongkui, un dieu pourfendeur de démons.

 

Mais toutes les fêtes sont aussi d'excellentes occasions pour "réviser" et actualiser le système de SYMBOLES et de valeurs hérité de nos ancêtres. Ainsi, la tradition veut qu'au jour de Duanwu, le soleil arrive au zénith et que l'énergie yang (principe masculin, opposée à l'énergie yin, principe féminin) atteigne son apogée. Il n'est donc pas étonnant qu'on ait choisi cette date pour organiser les courses de bateaux-dragons. Le mouvement orchestré des rameurs offre alors un spectacle des forces masculines aux riverains.

 

L'attrait de cette fête s'enrichit de bien d'autres célébrations encore, comme la dégustation de zongzi (riz gluant fourré et enveloppé dans des feuilles de bambous, cuit à la vapeur) en hommage à QU Yuan, un poète de l'antiquité. La représentation théâtrale de la légende du serpent blanc ne peut qu'augmenter l'appétit.

 

En 2009, la pointe d'été se fêtera le 28 mai.