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07/11/2011

L’apprentissage du désir [1]

En rangeant les documents dans mon bureau j’ai retrouvé des images qu’à une époque je voyais quotidiennement. Ce sont des photos et posters mis sur les murs des chambres que j’ai occupées, autrefois, dans d’autres lieux et parfois dans un autre pays. Ces photos de sites naturels et de monuments me rappellent les personnes qui me les ont offerts : elles m’ont suggéré de poser mon regard sur ces paysages, qui me faisaient rêver. Je pense à ces personnes comme celles qui ont « parfait » mon éducation ; elles m’ont appris l’art de désirer.

 

YX-immortelle.jpgDans la vie j’ai fait trois apprentissages successivement. Le premier apprentissage a concerné la connaissance des choses : le ciel, la terre, la nature, les animaux. Le deuxième apprentissage m’a donné la capacité de mener des actions, souvent en mobilisant des hommes et des femmes pour un objectif commun. Le troisième apprentissage, celui du désir, me permet de jouir des plaisirs simples à ma portée, sans me laisser piéger par les illusions et les vicissitudes de la réalité.

 

Bien désirer, cela s’apprend. Et cette belle leçon de la vie est présente dans la philosophie et la littérature comme dans les religions. L’héroïne de Out of Africa (par Karen Blixen) l’a dit, par exemple, en une phrase lapidaire : « Si Dieu veut te punir, il exauce tes vœux. » D’évidence, beaucoup de nos « malheurs » viennent non pas du fait des contrariétés extérieures, mais que nous nous trompions dans l’objet de notre désir. Un moine bouddhiste qui sait désirer son bol de riz peut être considéré comme infiniment plus heureux qu’un homme qui a beaucoup mais qui souffre de ce qu’il ne peut pas avoir.

 

C’est avec gratitude que je pense à ceux qui m’ont aidé à parfaire mon éducation en matière de désir. Grâce à eux, je trouve la bonne compagnie des gens équilibrés et épanouis. Un hôte, un messager, un ange gardien… ils ne sont pas forcément les plus instruits, n’occupent pas toujours les postes les plus convoités, mais ils savent vivre heureux, satisfaits sans être blasés ni frustrés. Que ce soit en France, en Angleterre ou à Taïwan, c’est parmi eux que je me sens chez moi.

 

post de Chun-Liang YEH

  

 

Image extraite de l’album Yexian et le soulier d’or, illustré par WANG Yi.

01/09/2011

Le garçon qui monte sur la baleine

mélusine thiry,ke-hua chen

Longtemps, la mer est calme. 

Je me tiens perpendiculaire à l’horizon, j’attends   

Le garçon qui monte sur la baleine dans le vent.

 

Selon la légende, il entrera avec sa monture dans notre baie chaleureuse   

Suivi d’une horde de baleines sauvages originaires des régions polaires.

Quelle douceur, nous entendons le bruit des vagues de leur chamaillerie alors qu’elles sont encore loin  

Quelle douceur, elles seront notre unique île…

 

Sur l’île immaculée au milieu

Nous nous embrasserons dans la fontaine.

Aspergés d’eau, nous nous doucherons avec le soleil  

Et frotterons nos muscles bronzés avec des fanons de baleine bien solides. Alors

Nous serons purs pour toujours.

Nous possèderons l'océan tout entier.

 

C’est pourquoi il faut attendre, avec l’apparition de la colonne d’eau la plus haute  

Celle du garçon qui se tient avec fierté sur la baleine blanche.  

Eternel, il me sourit et me salue de la main

Ah, comme l’enfance éternelle  

Naviguant à grands remous au raz de ma digue gelée.

 

 

 

poème de Ke-Hua Chen, traduit du chinois par Chun-Liang Yeh

image extraite de l'album Si je grandis..., écrit et illustré par Mélusine Thiry (éd. HongFei 2009)

 

 

 

騎鯨少年

 

 

很久了,風浪平靜

我與水平綫呈直角,等待

海風中那騎鯨的少年

 

傳説中他將會駛囘我們溫暖的海灣

率領著極地野生的鯨群:

親親,好遠我們便可聽見牠們戲水的浪聲

親親,那將是我們唯一的島嶼……

 

中央那座純白的島上

我們將在噴泉中擁抱

水柱下和陽光一同沐浴

並以強韌的鯨鬚刷洗粗礪的銅肌,那時

我們永遠是潔淨的

我們擁有整個海洋

 

所以必須等待,那一條最高的水柱出現

白鯨上屹立的少年

永遠地朝我微笑揮手

呵,永遠童年似地

在我冰封的堤外洶湧航過

 

 

文:陳克華

 

 

21/06/2011

21 juin - jour d’été. Lumière sur…

mélusine thiryEn douceur, par petites touches de lumière et pointes de couleurs auxquelles elle offre des écrins de papiers découpés, Mélusine Thiry, trace son chemin dans le monde de l’illustration.

Coup de coeur : août 2007, une image publiée sur le site de La Maison des Illustrateurs retient notre attention : une fresque de papier découpé. Le noir et la lumière, le petit et l’infini, un art du découpage et un sens évident de la narration et de l’image !

mélusine thiry, Figures Futur

Figures Futur 2006. Prix du public. Illustration pour Alice au pays des merveilles. © Mélusine Thiry 2006

Très vite, d’autres images nous séduisent. Faites de papiers découpés parfois colorés, mis en lumière sur table lumineuse et photographiées, elles illustrent des musiques, des émotions, des histoires.

mélusine thiry, la princesse du soldat   mélusine thiry, la princesse du soldat

Images extraites de Princesse du soldat, 2006. Film d'animation pour illustrer une musique composée pour un spectacle de marionnettes. Voir le film © Mélusine Thiry 2006

 

La lumière sous toutes ses formes : c'est dans son atelier installé au sein de la Villa mais d’ici, à Aubervilliers, que Mélusine Thiry, l'auteur de ces images, explore des formes visuelles variées. Après une école d’audiovisuel, elle s’est orientée vers l’éclairage dans le spectacle vivant et a collaboré avec différentes compagnies. Au fil de ses expériences, ses "créations lumières" se sont enrichies d’installations, de projections, de réalisations de films d’animations et de vidéos pour des compagnies de marionnettes, de théâtre d’objets, de danse et de musique.

La lumière en livre pour les enfants : Depuis quelques années, Mélusine apporte un éclat nouveau à l'univers de l'enfance et publie en littérature jeunesse. 

mélusine thiry, marée d'amour dans la nuit, xu dishan, hongfei cultures  mélusine thiry, marée d'amour dans la nuit, xu dishan, hongfei cultures

Marée d'amour dans la nuit, texte de Xu Dishan, HongFei 2008

mélusine thiry, si je grandis..., hongfei cultures  mélusine thiry, si je grandis..., hongfei cultures

Si je grandis...,texte et ill. de Mélusine Thiry, éd. HongFei 2009

Mélusine Thiry, crocus et fracas Mélusine Thiry, crocus et fracas

Crocus et fracas, texte de Cath. Anne, Le Bonhomme vert, 2010

Dans la Jean-Charles Trebbi, l'art de la découpeLumière : dans ses explorations graphiques axées sur les ombres et la lumière, les matières et les couleurs, elle s’inspire du tout petit et de l’infini pour imaginer un univers merveilleux et exprimer le mystère et le plaisir de grandir. Son admirable travail de papier découpé lui permet d’être lauréate du concours Figures Futur 2006. Plus récemment, les qualités de sa création lui valent d’avoir « sa page », à côté de celle de Michel Ocelot, dans le superbe livre de Jean-Charles Trebbi, L’art de la découpe (éd. Alternatives, 2010). L’auteur y dresse, dans un annuaire international et sélectif, le panorama des artistes dont la démarche originale et le remarquable travail de découpe marquent les secteurs de la mode, de l’architecture, du livre, du design, etc.

art de la decoupe2.jpgJean-Charles Trebbi, l'art de la découpe, michel ocelot

Et demain ? Mélusine travaille actuellement à l’achèvement de son prochain livre, à paraître à l’automne aux éd. HongFei Cultures.

Et bien sûr, nous vous en dirons un peu plus très bientôt.

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Retrouvez Mélusine sur Internet : en suivant son travail sur son blog ; en découvrant les ateliers qu'elle anime auprès d'enfants et d'adultes ; sur le site de la Charte des auteurs et des illustrateurs

06/05/2011

Un air de liberté : questions posées à l'auteur de l'Autre Bout du monde

 

kaohsiung.jpg

Quel est selon vous le thème central de ce livre ? 

C.L. Yeh : La liberté, et l’amour qui rend libre.

L'autre bout du monde, c’est l’histoire d’un petit garçon qui rend visite à sa grand-mère aux petits pieds (bandés) vivant sur une île de pêcheurs à Taïwan, il y a quelques décennies.

La grand-mère n’entre en scène qu’à la cinquième planche, mais c’est elle qui m’a inspiré le récit. Comme reflet de son époque, elle a reçu une éducation rudimentaire à la maison lorsqu’elle était jeune fille, pendant que les garçons allaient à l’école. Mais c’est aussi un personnage sensible et capable d’être touché par le « malheur » des autres. Ainsi, par le réconfort et l’amour qu’elle donnait à sa sœur cadette, elle l’a aidée à s’émanciper. Maintenant que son petit fils Langlang va entrer à l’école pour apprendre à lire et à écrire, elle lui offre un cadeau symbolique (avec la complicité de sa sœur cadette devenue voyageuse) : une paire de baskets. 

Diriez-vous que c’est un récit autobiographique ?

Cette histoire m’a permis de partager avec les lecteurs certains sentiments qui me sont chers, ceux qu’on éprouve lorsqu’on partage, donne et aime. Et aussi une aspiration à faire l’expérience du monde et à la liberté. Pour la créer, je me suis inspiré de quelques souvenirs de mon enfance passée au bord de la mer. Est-ce qu’on peut conclure pour autant que c’est un récit autobiographique ?

Ce qui m’importe, c’est de rendre la vie intérieure des personnages – leur aspiration, leur motivation, leurs envies, craintes et espoirs, à travers des situations concrètes et savoureuses. Ici, grand-mère a une vie, sa sœur cadette a la sienne, tout comme le garçon Langlang. A travers quelques instants choisis de la vie des personnages, le livre pourra aider les lecteurs à porter un nouveau regard sur leur propre existence. C’est cette création de sens qui m’intéresse, et non la publication de ma vie romancée.

C’est vrai que ma grand-mère avait les pieds bandés, mais je n’ai jamais reçu d’elle des baskets. Lorsque j’ai raconté l’histoire de L’Autre Bout du monde à ma mère, elle a beaucoup ri, et dit : « Ah, maintenant tu gagnes ta vie en dessinant le zizi du tigre ! » (idiome taïwanais pour dire « fabuler »).

 

image : le port de Kaohsiung, Taïwan.

 

13/04/2011

L’Océan lointain

yuanyang.jpgL’album L’Autre Bout du monde a vu le jour au printemps 2011. Nous en sommes heureux.

 

A l’origine du projet se trouve Loïc : nous discutions de tas de sujets pendant notre long trajet entre Paris et Mouans-Sartoux à l’automne 2009. Ma grand-mère s’est invitée à notre conversation. Après deux mois de gestation, l’histoire fut écrite en un temps assez court.

 

Loïc a aussi apporté sa pierre précieuse à l’une des touches finales de l’album. Nous travaillions avec l’illustratrice Sophie Roze sur l’image de la couverture. Comment suggérer avec subtilité que l’histoire ne se déroule pas sur la côte de Bretagne mais dans un pays lointain ? Loïc nous rappela alors que tous les bateaux ont un nom… et le bateau de Langlang aura un nom chinois sur la coque.

 

Dans l’une des pages intérieures, le bateau qui transporte Langlang chez sa grand-mère s’appelle 旗津号 Qi Jin Hao, Qi Jin étant le nom de l’île de pêcheurs où il se rend. Sur la couverture, fier dans ses toute nouvelles baskets reçues en cadeau, Langlang prend un bateau qui porte trois mots 遠洋号 Yuan Yang Hao en guise de son nom « L’Océan lointain ».

 

Et n’est-ce pas avec les mots qu’on voyage vraiment loin, plus loin que le bout du monde, dans le cœur des gens ?

 

(post rédigé par Chun-Liang) 

 

Image extraite de l’album L’Autre Bout du monde, illustré par Sophie Roze.

15/03/2011

Un ami à Tokyo

japon,enfance,séisme,ami,don,solidarité,sophie roze,taïwanOn l’appelait le « Japonais », mais il n’en est pas un.

 

J’avais treize ans lorsqu’il arriva dans ma classe. Tous mes camarades l’appelaient le « Japonais » car il venait de rentrer vivre à Taïwan avec son père diplomate. Il parlait le mandarin, avec un petit accent japonais. Timide au début, il joua bientôt avec nous.

 

A l’époque, je savais déjà que je voyagerais, sinon vivrais, dans un pays étranger. Un nouveau camarade qui venait d’un tel pays ne pouvait que susciter ma plus grande curiosité. Nous ne jouions pas souvent ensemble, mais un lien assez mystérieux se nouait entre nous. Avec lui, je sais qu’il n’est pas besoin d’expliquer pourquoi je vis ici et pourquoi je fais ce que je fais.

 

Sans nous être donné de nouvelles pendant vingt ans, nous avons repris contact via internet en janvier dernier. Je comptais - et compte toujours - lui rendre visite cet été à Tokyo où il vit actuellement avec sa famille. J’y retrouverai alors un peu de mon enfance innocente, loin des bruits de polémique en France.

 

Des initiatives populaires de don et de solidarité ont commencé à Taïwan, historiquement lié au Japon. Dans un monde flottant, cet abandon d’égoïsme (même provisoire) nous permet de rester dignes parmi les humains.

  

 

Lire l'article Ces Japonais à l'héroïsme poignant de François Lachaud, directeur d'études à l'Ecole française d'Extrême-Orient, spécialiste d'études japonaises, publié dans Le Monde du 17.03.2011 

Image extraite de l’album L’Autre Bout du monde, illustré par Sophie Roze.

08/09/2010

Paysages secrets

BL_EMP1.jpgComme étudiant à l'université, avec mon premier salaire de professeur de science physique à domicile, je me réjouissais à l'idée de m'offrir quelques beaux livres de géographie illustrée, dont un recueil des images des plus beaux sites du monde. N’a-t-on pas dit dans une chanson du groupe Boston : 

  

"It's what you can see that takes you there, your destination."

  

C'est ce que tu peux voir qui t'emmène là, à ta destination. 

     

Avant même que j'aie le temps de réaliser mes vœux (de beaux livres), un vendeur d'encyclopédies a réussi à me convaincre que 33 volumes de Britannica, c'était mieux. C'est ainsi que je me suis embarqué pour un voyage imaginaire plutôt par les mots que par les images.

   

Parmi mes lectures, depuis mon enfance, que ce soit en image ou en texte, les récits de voyage m'attirent plus que les autres genres. Ils me sont doux comme le chant de sirènes.

  

En comparaison, mon intérêt pour les biographies des hommes du passé ou du présent est très récent. Il s'est installé sans que je m'en aperçoive. Il est probable que l'étude des personnages dans les romans a aiguisé ma sensibilité aux mouvements des cœurs humains. Je suis amené, petit à petit, à lire les hommes et les femmes rencontrés dans la vie. Joies, douleurs, rêves et espoirs constituent un paysage intérieur des êtres humains, pas moins fascinant à explorer et à contempler que les sites extraordinaires montrés dans les guides touristiques.

   

De ces paysages secrets, j'en ai vu de très beaux. J'en suis heureux.

   

 

 

image extraite de l'album Les Deux Paysages de l'empereur, illu. Wang Yi, en librairie le 28 octobre 2010.

01/09/2010

Drôles de maris

image.jpg« Il se trouve que dans une association de "développement personnel", les membres sont toutes des femmes mariées. Selon le programme du jour, elles devront demander à leur mari les six défauts les plus graves qu’elles doivent corriger chez elles-mêmes.

 

Une semaine plus tard, elles se réunissent de nouveau et commencent à énoncer les reproches récoltés auprès de leur mari : l’un trouve que son épouse ne fait pas assez la vaisselle, l’autre pense que la sienne devrait préparer plus souvent le petit déjeuner… Il y en a ainsi de toutes sortes.

 

Seule une de ces femmes sourit en silence. En effet, son mari lui a affirmé qu’il l’aime telle qu’elle est. Mieux, il lui a offert six roses en signe de son amour.

 

Inutile de dire combien les autres femmes l’envient. Toutes soutiennent que si leur mari était aussi attentionné, elles s’empresseraient de corriger TOUS leurs défauts. »

 

Image : couverture de « L’influence fait gagner » (Commonwealth Publishing, Taipei 2003) par HEI Youlong, d’où est extraite l’anecdote.

26/08/2010

La Drôme provençale

P8190018.JPGCe soir-là, nous sommes confortablement installés sur une terrasse dans un charmant village de la Drôme provençale. Près d'un petit pont pittoresque, baigné dans la lumière rasante du couchant, le platane centenaire à notre gauche nous est d'une compagnie bienveillante, comme d'ailleurs la fontaine rustique à notre droite, composée d'une simple roche couverte de mousses.

Nous sommes trois hommes et une dame à table ; la patronne est venue prendre notre commande. La dame a commandé après les autres convives car elle a eu une petite hésitation sur son choix. Trois secondes après sa commande, elle demande à la patronne si elle peut changer d'avis. A notre grand étonnement, la réponse est un non catégorique. Elle nous montre un appareil électronique dans sa main :

"Désolée Madame, la commande est partie en cuisine. Je ne peux pas l'annuler. Vous ne puovez pas refaire votre choix. Vous mangerez ce que vous avez commandé. Eh oui, c'est la technologie." Incrédules, nous avons exprimé notre étonnement. Elle a répété sa réponse négative avec une fermeté intransigeante.

Les convives de la tablée sombrent dans un désarroi violent. J'étais prêt à renoncer à mon choix et à manger ce que notre amie avait commandé, pour qu'elle puisse choisir de nouveau ce qui lui plairait. Vaine idée, puisque ma commande est passée avant l'incident. Nous sommes faces à un dilemme : soit notre amie mange ce qu'elle a commandé, soit nous commandons cinq plats pour quatre personnes, ce qui serait moralement contestable.

Je regarde autour de moi : le pont pittoresque, le platane centenaire, la fontaine, la lumière du couchant : quelle valeur accorder à ce décor, si la maîtresse du lieu se montre si insensible au sens de l'hospitalité et au plaisir de recevoir ?

Tout un coup, il me manque de dîner dans un pays où le paysage serait moins beau, le menu plus modeste mais la qualité des relations humaines assurément plus grande.

Trois minutes plus tard et contre toute attente, la patronne est revenue à notre table pour reprendre la commande de notre amie, après avoir annulé la première commande malencontreuse auprès du cuisinier.

A cet instant, la Drôme provençale a retrouvé son charme (non sans rudesse).

 

07/08/2010

Libération vs. liberté

 

2009012015454249.jpgAyant reçu une invitation pour un spectacle intitulé Kungfu Revelations (Versets des arts martiaux) à Taipei, je m’y rend sans aucune d'idée de ce que j'y trouverais.

Il s'agit d'une chorégraphie inspirée des mouvements du corps dans les arts martiaux, exécutée par une troupe de jeunes danseurs, sur une musique évocatrice de la sérénité bouddhiste et composée de neuf versets à thème. Dans la deuxième scène "Sutra", un petit moine se désespère de ne pas bien apprendre le Texte. Dans un excès de colère il rejette son instrument de prière. Un autre moine plus mûr l'aide à revenir à sa douceur et à reprendre confiance. Plus tard, dans un autre lieu, le petit moine fait ses prières au son de celles de ses frères.

Ce passage m'a d'emblée convaincu de la cohérence et de l'originalité de cette création. C'est probablement lié au fait que je vis parmi les Français depuis longtemps et suis maintenant sensible à tout ce qui dévoile un peu plus cet impensé culturel, aux Français mais également aux Chinois.

Je suis touché par la scène de "Sutra" car elle dit en toute simplicité comment les Chinois voient le sens de notre existence : l'affranchissement. La notion chère aux Occidentaux de la liberté individuelle comme un droit, avec l'apprentissage des lois comme sa garantie, n'est pas étrangère à la Chine contemporaine. Mais elle ne se substitue pas à une autre vision de l'homme, celle selon laquelle le propre de l'homme est de s'élever spirituellement. L'apprentissage des règles se conçoit au service, non d'une liberté individuelle absolue et abstraite, mais de cette libération de l'esprit tout au long d'une vie.

Les propos de Zhuangzi et Confucius, penseurs de l'Antiquité, en témoignent...

 

nota : en écrivant ce post, je me rappelle l'épisode récent d'un chorégraphe français en visite en Chine pour monter un spectacle avec de jeunes membres d'une troupe de l'opéra de Pékin. Il leur demande d'"exprimer leur personnalité". Ca a probablement paru très étrange et incompréhensible pour les Chinois qui pensent en terme d'affranchissement (processus long qui ne se commande pas de l'extérieur) plutôt que de liberté immédiatement disponible.

 

crédit photo : www.junzimen.com/Article/2009/30159.html

16/07/2010

Sur les pas d'un écrivain anglais

On-a-Chinese-Screen.jpgIl y a dix jours j’ai trouvé sans le chercher un ouvrage de W. Somerset Maugham On a Chinese Screen (Sur un paravent chinois) publié en 1922. C’est un recueil de 58 très courts récits ayant pour théâtre la Chine du début du vingtième siècle. Les intrigues y ont une place assez secondaire. Les personnages, principalement des Européens expatriés, sont observés et dépeints avec minutie. Le regard attendrissant de l’auteur, exprimé avec beaucoup de retenu, se porte le plus souvent sur les paysages, un véritable médium qui humanise un monde tiraillé entre deux civilisations.

 

 Par la suite, un curieux hasard m’a fait découvrir le film The Painted Veil, réalisé en 2006 par John Curran, d’après un roman du même Maugham publié en 1925 et traduit en français sous le titre La passe dangereuse. Là, les facettes entrevues dans On a Chinese Screen se recomposent en un saisissant tableau d’une époque où se déroulent les péripéties matérielle et sentimentale d’un couple anglais en Chine, pour aboutir à la compréhension et au pardon. Un dénouement remarquable qui reflète l’idée noble que l’auteur avait de la condition humaine, perceptible déjà dans son roman Of Human Bondage publié en 1915.

 

 En voyant ce film ou en relisant son auteur, les Chinois et les Européens auront-ils un nouveau regard les uns sur les autres ? Un regard actuel et serein qui ne soit pas dicté par les soubresauts de l’actualité.

 

Painted-Veil.jpeg

 

27/06/2010

Cette France-là : "ça nous concerne tous."

J’ai appris récemment l’existence du collectif « Pour la suppression du ministère de l’immigration et de l’identité nationale » qui diffuse Ulysse Clandestin, un film réalisé par Thomas Lacoste présentant des interviews de chercheurs (sociologues, anthropologues, historiens, etc.) en alternance avec des scènes d’un récit d’exil.

  

En effet, au lancement du grand débat sur l’identité nationale l’année dernière, j’ai été curieux de voir comment le traitement de cette question servirait d’indicateur du niveau d’intelligence de celui qui l’a porté, Eric Besson. Non pas que je veuille manquer de respect pour le Ministre, mais que je savais combien il est difficile de ne pas tomber dans des pièges, volontairement ou non, en s’y essayant.

  

Depuis, plusieurs personnalités du même camp politique du Ministre ont mis en cause la pertinence de ce débat, et je regrette de ne pas découvrir chez Monsieur Besson, jusqu’ici, un grand esprit éclairant le monde. Mais je ne désespère pas…

 

En attendant, ce grand esprit je l’ai trouvé chez un autre Eric : Eric Fassin, sociologue au CNRS, qu’on peut écouter dans le film (29ème min.). Par un exposé intitulé « Eux » et « nous », il fait la démonstration efficace et brillante d’une logique de l’exclusion mise en œuvre à travers un débat qui permet d’abord de désigner les « eux » et qui finit inexorablement par toucher les « nous ». Ce n’est pas réjouissant.

 

Vous pouvez prendre connaissance de la position du collectif « Pour la suppression du ministère de l’immigration et de l’identité nationale » et signer la pétition si vous le soutenez.

   

 

post scriptum : lire l'article Le racisme envahit l'espace politique, par Michel Tubiana, président d'honneur de la Ligue des doits de l'homme (LDH), publié dans le monde du 21.03.2011

 

   

07/05/2010

Lucas : un petit tableau du temps

 Lucas.jpg

 

L’histoire d’Un ami pour Lucas m’est venue comme un interlude. C’est un récit qui n’avait d’autre prétention que de garder la trace d’un instant vécu qui fut à la fois doux et poignant.

 

Dans cette histoire, le garçon Lucas joue sous les marronniers géants, avec ses rêves. Rêver, c’est désirer, et l’état du désir peut nous rendre particulièrement éveillés à tout ce qui nous entoure. On dirait que les anges ne se manifestent qu’à ceux qui sont prêts à les apercevoir. 

 

Une fois que Lucas et le renard se sont vus, l’histoire s’est poursuivie comme une fleur qui s’épanouit et clôt à la tombée de la nuit. On dit que c’est une histoire sur la naissance d’une amitié. 

 

Je dirais que c'est aussi une histoire sur le temps. Le temps qu’il nous faut pour être prêts, prêts à saisir les liens (et les possibilités de voyager librement grâce à ces liens) qui nous auraient échappé. Je contemple à plusieurs reprises les images créées par Bobi+Bobi pour cette histoire, et ne peux qu’admirer son talent d’illustrer ce temps impalpable avec les jeux de distance et de lumière au fil des pages. Lumière du ciel, mais aussi celle sur la pointe des pétales. 

 

L’achèvement des dessins a coïncidé avec celui de la rédaction de la quatrième de couverture, qui telle une touche finale complète ce petit tableau du temps. 

 

Un ciel bleu pour le matin, une brise pour l’après-midi.

Un ami pour Lucas, de beaux rêves pour la nuit.

 

Puis, le secret du renard revient à mon esprit : « C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante. » (Le Petit Prince, chapitre XXI, Antoine de Saint-Exupéry)

  

24/03/2010

Communiquer, un savoir-vivre

SF.jpgDans l’une de ses derniers newsletters, l’agence de développement du Val-de-Marne nous a proposé de participer au 9ème cycle des « Matinales », soit trois conférences destinées aux dirigeants d’entreprise. Le thème du cycle est la sensibilisation à l’impact de la communication dans les négociations avec les trois interlocuteurs de l’entreprise que sont le journaliste, l’acheteur et le financeur.

J’ai assisté ce matin à la première conférence du cycle de ce séminaire professionnel. Un grand merci aux organisateurs (Cécile Tréton, Dominique Parganin, Joël Gayssot) pour cette offre précieuse en direction des entrepreneurs. Sans oublier les conseils pratiques dispensés par les quatre intervenants très qualifiés et expérimentés concernant la communication avec les médias. L’enregistrement de la conférence est diffusé par l’agence. Voici un résumé en quelques lignes de ma note de six pages :

- Pascal Le Guern, journaliste France Info : il explique la tâche des acteurs du journalisme (rédacteur en chef, reporter, chroniqueur, secrétaire de rédaction, etc.) et les contraintes organisationnelles qui dictent leur interaction avec l’interviewé (urgence permanente, besoin en informations nouvelles et à temps, des formats de réponses jugés exploitables, etc.). Celui-ci peut communiquer plus efficacement avec le journaliste s’il a ces contraintes présentes à l’esprit.

- Laurence Malazzi, consultante JAM Conseil : elle souligne la dimension humaine dans la relation avec les journalistes qui sont à traiter comme des partenaires, concluant avec des usages à mettre en pratique et d’autres à éviter.

- Pierre-Luc Séguillon, journaliste LCI : il ne faut pas confondre le métier de la communication (valoriser l’image d’une entreprise ou d’un homme politique) et celui de l’information (recueillir et diffuser des informations nouvelles vérifiées). Le journaliste n’est pas complice d’un communicant et il cherche la petite bête dans les discours. C’est un homme pressé dont il faut susciter la curiosité. Pour ce faire, une belle histoire à lui raconter est souvent plus efficace qu’une belle idée.

- Jean-Christophe Capelli, CEO de FriendsClear, rebondit sur l’intérêt de storytelling (romancer le parcours des personnages clefs de l’entreprise) dans la communication. Il souligne l’opportunité et la nécessité de créer son propre média via l’internet (Facebook, blog, Twitter) face aux médias traditionnels. Il relativise enfin la distinction entre le journalistique, le documentaire et la fiction et n’hésite pas à remettre en cause la frontière entre la communication et l’information.

Outre l’intérêt du sujet de la conférence, j’ai surtout retenu la qualité de l’environnement économique et social dans lequel évoluent les entreprises françaises, malgré la crise. C’est un bien collectif à préserver et développer. 

(image extraite de l'album Salade de fruits par Samuel Ribeyron, éd. HongFei Cultures)

28/02/2010

Lumière sur le Japon

20100219 052.jpgDepuis l’automne dernier, plusieurs rencontres et retrouvailles ont dirigé mon attention sur le pays du Soleil levant. Au dernier salon du livre de Taipei, plusieurs ouvrages sur le Japon se sont ainsi retrouvés dans mon panier, dont le très beau livre (dédicacé !) « La photographie japonaise sous l’ère Meiji » de Patrick Bonneville (éd. de l’Amateur, 2006). L’introduction de ce dernier contient des informations très éclairantes sur l’histoire sociale et économique de la nation nippone depuis la régence de Tokugawa (début 17e siècle), clef de notre compréhension du Japon tel qu’il est aujourd’hui.

 

Sans faire un compte rendu complet de ce texte, je me contente de noter ici deux indicateurs du pays qui y sont évoqués : l’urbanisation et l’alphabétisation (pp. 15-16). En 1800, le taux d’urbanisation au Japon était le plus élevé au monde (12,8%, pour 10,6% en Europe occidentale et 3,8% en Chine). Edo, la future Tokyo, comptait plus d’un million d’habitants en 1720. Quant au taux d’alphabétisation, il était parmi les plus élevés du monde pré-industriel, estimé à 40% de la population en 1750. L’auteur poursuit sur une description du développement vigoureux des activités de libraires et d’éditeurs, bien contextualisée, pour ma plus grande joie.

 

 

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De gauche à droite : Françoise Zylberberg, fondatrice de la librairie française à Taipei, Le Pigeonnier du Quercy ; Patrick Bonneville, auteur de « La photographie japonaise sous l’ère Meiji » et directeur de l’Institut Français de Taipei ; Linden Lin, éditeur en chef de Linking Publishing et président de la fondation du TIBE (Taipei International Book Exhibition). Photo © Le Pigeonnier 2010

05/02/2010

TIBE 2010 en beauté !

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La 18e édition du Taipei International Book Exhibition (TIBE), le plus important salon du livre en Asie, s’est tenue à Taipei World Trade Center (TWTC) du 27 janvier au 1er février 2010. Aperçu des dimensions de cette manifestation à travers quelques chiffres : 500 000 visiteurs en 2009 (soit une hausse de 20% de sa fréquentation par rapport à 2008) ; 41 pays représentés ; 900 éditeurs dont 580 étrangers ; 36 000 m² de superficie...

Trois particularités de l’édition 2010 : [1] la France est le pays invité d’honneur, avec des animations, expositions et délégation importantes ; [2] des auteurs chinois d’outre-mer (parfois écrivant en langues étrangères) sont invités à rencontrer le public taiwanais ; [3] le lancement de la politique d’aide aux livres électroniques.

Outre le fait que deux des spécificités de l'année sur trois m’intéressent directement, j’ai eu beaucoup de plaisir à vivre ce grand rendez-vous : pour une fois, je n'ai pas à me soucier de la vente des livres de HongFei (la librairie française de Taipei Le Pigeonnier du Quercy s’en charge), ni à en vendre les droits (je reste à Taipei après le salon, il n’y a pas d’urgence). Dans ce contexte, travailler de manière productive signifie pour moi BIEN VISITER LE SALON, ne pas perdre une miette de ce qu’il a à offrir : conférences, livres en chinois, dédicaces. C’est un luxe que je ne peux jamais m’accorder lorsqu’il s’agit d’un salon en France.

Dans une ambiance conviviale, j’ai pu représenter HongFei Cultures à une table-ronde aux côtés de collègues français éminents et expérimentés (Frédéric Lavabre, Brigitte Stéphan, Hannele Legras), écouter l’intervention savoureuse de la linguiste Marie Treps, me faire dédicacer un bel ouvrage sur la photographie japonaise par Patrick Bonneville (Directeur de l’Institut Français de Taipei), interroger l’écrivain Ha Jin qui vit à Boston, rater la conférence d’une amie de l’université devenue une auteur célèbre… et nouer contact avec un artiste allemand. Sans parler des piles de livres que j’ai achetés sans compter (dont un dictionnaire-gadget  sino-japonais et une Histoire de l’Allemagne). Soyons fous !

16/01/2010

Voyage interplanétaire (3)

NTU_TOP01.jpegParis-Taipei : dix heures de vol sans escale. Lire un journal en chinois à bord d’un avion me fait toujours un drôle d’effet : article après article, page après page, on a la sensation d’embarquer dans un accélérateur débouchant sur une planète qui évolue à une vitesse folle. Ca donne le tournis.

Économie, technologie, finance, tourisme, région, gouvernance, environnement, société, etc. : les secteurs de l’industrie et de l’équipement me paraissent les plus hallucinants. Les prévisions à l’horizon de 2012 ? Elles sont évoquées non pas pour qu’on discute de « comment y arriver ? », mais pour qu’on prenne des décisions aujourd’hui en ayant intégré ces « acquis ». Ici, le futur s’écrit au présent. Quant au passé…

Quant au passé, il arrive qu’il ne se laisse pas effacer et qu’il resurgisse de manière inattendue. Il y a une semaine, j’ai reçu le mail d’un camarade de faculté des sciences physiques : les anciens étudiants de notre promotion se donnent rendez-vous pour un déjeuner de travail, en vue d'une réunion vingt ans après notre fin d'études.

« The Past Is a Foreign Country » (Le Passé est un pays étranger) : j’ai toujours aimé le titre de ce livre écrit par David Lowenthal en 1985. Me voilà prêt pour un autre voyage intersidéral…

 

image : National Taiwan University © http://homepage.ntu.edu.tw/~ktchou/

09/01/2010

Voyage interplanétaire (2)

BL_SJG.jpgUn voyage interplanétaire a ceci de particulier : on ne peut pas être sur deux planètes en même temps. Comme les planètes ne se touchent jamais, pour atterrir sur l’une il faut avoir quitté l’autre. 

 

Cette métaphore pour un déplacement entre deux pays m'a d'abord paru tout à fait convaincante. En effet, je suis né et ai grandi sur l’île de Taiwan. Me rendre dans un autre pays impliquait « une traversée » par bateau ou par avion. De là à s’imaginer dans un vaisseau spatial, il n’y a qu’un pas.

 

Or, cette évidence a été bouleversée lors de mon premier voyage de Paris à Amsterdam en bus. J’avais appris à l’école que Les Pays-bas et la France sont deux pays distincts et pourtant ! Sans bateau ni avion, je me suis retrouvé dans un autre paysage où les gens parlent une autre langue. 

 

Avec cet étonnement j'ai pris conscience que le franchissement de frontières invisibles – celles de langues, de coutumes et de manières de penser, par exemple – peut être tout aussi passionnant que la traversée d’un espace interstellaire.

 

Et quand on sait que, au-delà des frontières, on peut continuer à donner, recevoir, rêver et aimer, on commence à se sentir chez soi sur la terre.

 

 

image extraite de l'album "Si je grandis..." par Mélusine THIRY (éd. HongFei Cultures 2009)

 

  

18/12/2009

Voyage interplanétaire (1)

revueplanetechinois.jpgLe 11 décembre à 18h à la librairie Le Phénix, nous avons assisté à la présentation du deuxième numéro de « Planète Chinois » : la revue de tous ceux qui étudient le chinois (et découvrent une culture), fruit d’une collaboration de qualité entre la prestigieuse maison d’édition chinoise Shangwu Yinshuguan et le CNDP (Centre national de documentation pédagogique). Le périodique trimestriel, riche en articles, photos, reportages, initiations à la langue et l’écriture chinoises, se prolonge avec un site internet qui fournit gratuitement des supports multimédia interactifs pour transporter le lecteur sur une autre planète, sans bagage (ni émission de CO2).

 

Cette belle publication en main, je cherche des mots pour vous inviter à en faire l’expérience. Soudain, ma pensée fait un grand bond en arrière. En 1989 (il y a vingt ans, et oui), je me suis inscrit à l’Alliance Française de Taipei pendant deux trimestres pour commencer mon apprentissage de la langue française.

 

C’était un cours du soir, deux ou trois séances par semaine. Mon premier professeur s’appelait Brigitte et le deuxième Valérie, toutes les deux jeunes, belles et fort sympathiques. Pour rendre mes devoirs rédigés en français, j’utilisais mon PC ; les lettres avec accent devaient être saisies une à une avec la fonction « insérer des caractères spéciaux ». C’était fastidieux mais j'étais fier de présenter mes compositions à Valérie (avec Brigitte, je n’avais pas encore le niveau pour écrire).

 

… Je m’éloigne un peu du sujet qui est la revue « Planète Chinois ». Mais en effet, elle me rappelle la méthode française « Sans Frontières » pratiquée à l’Alliance Française en 1989. J’y ai découvert l’existence fictive d’un monsieur (dont j’ai oublié le nom et prénom), pianiste habitant Place Contrescarpe à Paris. Celle aussi de plusieurs jeunes Suisses voyageant en Bretagne ayant obtenu l’aimable permission d’un agriculteur de camper sur son champ d’artichauts ; pour le remercier ils lui offraient des chocolats suisses avant de repartir.

 

Trois ans plus tard, j’ai atterri sur la Planète Français. Qui l’eut cru ?

 

Seul, empruntant le métro parisien, sous un ciel gris, je suis venu voir de mes propres yeux cette fameuse place Contrescarpe (hélas je ne saurai pas vous dire à quoi ressemble un champ d’artichauts en Bretagne ; je n’en ai jamais vu).

 

(à suivre)

31/10/2009

Rencontre écrivains jeunesse à Velaux

roquefavour.jpgUn grand merci à l’équipe de la médiathèque Les quatre tours de Velaux (Bouche-du-Rhône) dirigée par Valérie San Agustin, ainsi qu’à l’association Les amis de la médiathèque et au CRILJ13 (centre de recherche et d’information sur la littérature jeunesse, présidé par Mireille Joly), pour leur accueil chaleureux et efficace lors de la dernière « rencontre écrivains jeunesse » des 16 et 17 octobre :

§ rencontre avec Arquier, un hôtel centenaire plein de charms au pied de l'aqueduc de Roquefavour. Des feuilles de platanes tombent, silencieuses, dans le ruisseau sous ma fenêtre ;

§ rencontre avec les élèves de CP des écoles Jean Jaurès et Jean Giono qui ont lu « Pi, Po, Pierrot » et qui m’ont posé plein plein de questions – à qui j’en ai posé tout autant ; 

§ rencontre avec des écrivains jeunesse sensibles et attachants dont Janine Teisson (La petite pierre de Chine, éd. Actes sud junior 2004) et Agnès Bertron (La lettre des oiseaux, éd. Nathan 2009).

En attendant d'autres encore plus belles à venir...